En toute innocence
de Catherine Cusset

critiqué par Alma, le 30 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Quand l'innocence se mêle à la perversité
C'est en toute franchise que Marie retrace son initiation amoureuse, sur 8 années, de 12 à 20 ans.
Ce récit du passage de l'enfance à l'âge adulte est la retranscription de ce qu'elle a raconté à Sophie son amie d'enfance, qui lui a conseillé d'en faire une relation écrite.
Il a le ton des confidences, il en a le phrasé , celui des longues phrases sans virgules qui vous emportent dans leur flot, de celles dont on oublie à la fin par quoi elles ont commencé ou qui prennent parfois des libertés avec la syntaxe.

Ce récit d'apprentissage n'est pas celui du vert paradis des amours. L'innocence s'y mêle avec la perversité, celle d'adultes prédateurs ou celle aussi de Marie qui se fait parfois chasseresse inconsciente des conséquences de son comportement .
Marie y apparaît comme partagée entre la curiosité et la timidité, la soif et la peur.
Loin de rendre compte de gentils marivaudages, sa confession propose plutôt une série de variations sur la pulsion amoureuse où se mêlent et se succèdent Eros et Thanatos, comédie de moeurs et drame.

C'est le portrait sans concessions d'une jeune fille qui, bien que issue d'un milieu aisé, n'a pas été épargnée par les névroses familiales ni les coups du destin .

D'abord surprise par l'écriture du roman, j'ai failli abandonner au bout de quelques pages. Mais la justesse et la profondeur de l'analyse de la part obscure du désir adolescent m'ont incitée à poursuivre cette lecture que je ne regrette en rien.