A rebours
de Joris-Karl Huysmans

critiqué par Don_Quichotte, le 7 août 2004
(Metz - 36 ans)


La note:  étoiles
L'inaltérable Beauté
Ce Roman, c’est une partie de la vie de Des Esseintes, le héros. L’histoire est quasiment inexistante, c’est uniquement une succession de chapitres d’esthétisme sur tous les arts existants et sur tout ce qui apporte du Beau et un raffinement subtil dans le siècle de l’ennui. Néanmoins l’approfondissement possible réside dans le personnage de Des Esseintes, dramatiquement pathétique par sa non-vie constante et son machiavélisme infect qui cherche à racler le plus de pourriture possible contenue chez un humain. Lui même, neurasthénique névrosé jusqu'à l’absurde, est une sublime représentation de l’horreur humaine, un homme qui pousse la méchanceté et la misanthropie à son paroxysme, délirant de haine humaine car esthète raffolant de création artistique, donc forcément dégoûté de l’Homme. La force du roman, en dehors de Des Esseintes, c’est le côté « esthétisme de l’absolu » qui recherche la subtilité de tout dans tout. Les énumérations sans fin de livres écrits depuis plusieurs siècles, voire millénaires sont succulentes, tout autant que la multitude des parfums subtils, des fleurs exotiques à la beauté renversante ou encore des tableaux de Moreau si bien dépeints par l’auteur. Le Héros restera tout le roman cloîtré dans sa demeure (sauf une petite escapade qui se termine sur un retour précipité) à choisir les couleurs, à rendre son plaisir le plus subtil et le plus fin possible.

Oscar Wilde fut marqué par ce roman, que son héros Dorian Gray aura en une multitude d’exemplaires chez lui. Les deux romans se rejoignent parfaitement, pour la décadence et le sublime dans le morbide.
Indépassable, majeur 10 étoiles

Je vais essayer de ne pas en faire des kilotonnes, mais ça sera dur. Voici mon roman préféré à l'heure actuelle, un livre grandiose et étonnant, car il ne raconte, en réalité, aucune histoire (un noble dévoyé, fin de race, Jean des Esseintes, se retire, reclus, dans sa propriété campagnarde, afin de faire le bilan de ses passions), et est plus une sorte de catalogue de son époque (artistique, essentiellement) qu'autre chose. Roman préféré de Gainsbourg, de Pete Doherty, de Richard Hell (un punk américain des 70's) notamment, "A Rebours" est tout simplement culte. Un bouquin absolument fascinant. Il m'a fait découvrir Huysmans, dont il est le meilleur roman (mais de peu : "Là-Bas", "En Rade" sont également parfaits, et le reste est admirable), et j'adore l'intégralité de cet auteur au parcours atypique.
Mais "A Rebours" est à part, pour Huysmans comme pour moi.
Si je devais partir sur une île déserte, j'embarquerais une caisse de bouquins. Dans la caisse, autant d'exemplaires de ce roman que faire se peut, roman que je lis et relis, relirai et relirai, à un point tel qu'un de ces jours, je devrai me le racheter, pour remplacer un exemplaire de plus en plus usé par la lecture !

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 1 mars 2015


TO THE HAPPY FEW 10 étoiles

Attention, ce livre (qui ressemble un peu à "Bouvard et pécuchet" avec l'intelligence en plus!) renferme en lui un (anti)héros unique dans l'histoire de la littérature!

Car Des Esseintes est le Dandy avec un grand D.

En effet, Des Esseintes n'est pas un homme normal...

Il vit reclus chez lui afin de rencontrer la beauté quelle que soit sa forme loin de la trivialité de la société!

Son seul souci envers l'humanité: la pervertir par pur plaisir!

Peu de lecteurs aimeront ce personnage et c'est tant mieux !!!

En tout cas, moi je l'ai aimé ... ;)

Bert4566 - - 36 ans - 29 novembre 2011


Le beau et l'Hypocondrie 10 étoiles

J'ai découvert ce livre en en lisant un autre: Le portrait de Dorian Gray. En effet dans ma collection il y avait une astérisque qui précisait que le petit livre jaune que Lord Henry conseille à Dorian serait sans doute A rebours.


Durant toute l'oeuvre on suit les pensées extravagantes, amorales souvent malsaines de Des Esseintes personnage névrosé et excentrique qui choisit de quitter le monde et ses semblables qu'il exècre, pour consacrer sa vie à la recherche esthétique. Ses nerfs détraqués par une tension permanente l'ont usé et rendu d'une hypersensibilité délicieusement douloureuse. La délectable pensée d'être unique le pousse à entretenir affectueusement les feux couvant ses maux . Il a la superbe conviction de n'être qu'un. L'hypocondrie a rendu cet homme d'une finesse déjà extraordinaire, méticuleusement raffiné. Au fond il est fier de ses mortels maux car "ILS LE DISTINGUENT". Quand rarement il est contraint de se mêler à ses semblables il sent ses oreilles bourdonner et son crâne prêt à se pulvériser sous la pression d'un étau personnifié par le brouhaha d'une rue bondée, les cris , les rires, les lieux communs, la vie qui court cette implacable meurtrière.
Les dernières pages sont écrites dans une langue aiguisée, acerbes et corrosives c'est tout simplement délectable .
Une oeuvre d'une puissance subversive à ne pas sous-estimer

HOKUSAI - - 34 ans - 3 novembre 2008


Magnifique 10 étoiles

Ce livre, que Zola pensait être un coup fatal au naturalisme, est tout simplement magnifique. Les mots me manquent pour qualifier un tel livre, contrairement à Huysmans qui semble, lui, être un véritable magicien des mots. A tel point que l'usage du dictionnaire est obligatoire en lisant ce livre. Ce qui pour moi est le comble du merveilleux ! Ce livre fait partie pour moi d'un des grands livres de la littérature française et laisse après sa lecture un souvenir ineffaçable.

Dédé666 - - 34 ans - 13 mai 2007


Décadent 8 étoiles

Si vous aimez la musique de la langue française, non pour vous laisser bercer par elle, mais pour partir avec elle dans une danse frénétique, vous devriez beaucoup vous amuser en lisant A Rebours. Le langage est foisonnant, truffé d'expressions croustillantes... (C'est assez bizarre, mais ce foisonnement d'expressions m'a parfois rappelé Céline.)

Sinon, c'est un roman très ironique, très méchant, critique sur le décadentisme . C'est aussi un bon roman d'adolescence (personnellement, il m'a ramené quelques années en arrière quand je ne demandais qu'à me couper du monde).

Si vous aimez l'ironie, ce roman vous fera sans doute sourire, mais il vous offrira aussi des réflexions intéressantes. En bref, un roman très intéressant, mais à ne lire que si vous êtes bien réveillé.

Edeline - - 38 ans - 28 mars 2006


Bizarre... 5 étoiles

Certes, une belle écriture, mais je n'ai pas un si bon souvenir de ce roman. Je me rappelle d'un style très lyrique, avec de nombreuses trouvailles littéraires (et nombre de mots requérant l'usage intensif du dictionnaire), mais au final... pas grand' chose de solide, qui tienne, et marque le lecteur. Du moins, pas moi.
Bref, un livre original, assez beau dans le style, mais rien qui ne m'ait choqué, troublé ou hanté outre mesure.

Hlidskialf - Paris - 36 ans - 20 juin 2005