Propagande : La manipulation de masse dans le monde contemporain
de David Colon

critiqué par Colen8, le 23 juillet 2020
( - 82 ans)


La note: étoiles
Du « viol des foules(1) » à la post-vérité
Traiter de la propagande ne serait-ce pas déjà en faire ? A cette réserve près, contrairement à une idée reçue, loin d’être l’apanage des régimes autoritaires ou totalitaires, ni celui des réseaux divers et variés la propagande est l’un des principaux outils de la démocratie ! Avant toute chose son objectif est d’obtenir le consentement, l’adhésion, l’action de la cible visée par l’entremise d’agents dûment qualifiés. Son pouvoir connu et appliqué depuis la nuit des temps se trouve grandement amplifié par les algorithmes du numérique ainsi que par les facilités dont se sont emparés de puissants groupes de pression en vue de détourner l’indépendance et la neutralité du web. Paradoxalement l’abolition des barrières attendue avec la gratuité et l’accessibilité pour tous a au contraire multiplié la création de communautés fermées aux idées étrangères à leur doxa.
La démonstration de David Colon en guise d’avertissement s’appuie sur la compilation minutieuse de publications des sciences humaines de la psychologie sociale aux neurosciences avec l’intégration des biais cognitifs propres au cerveau humain. Il y a eu, il y a encore pléthore de techniques d’amorçage par les moyens d’information successifs touchant des publics élargis, tout en personnalisant plus finement et plus discrètement les messages : transmission orale, diffusion par l’écrit, puis par la photographie et le cinéma, les médias en général, le marketing et la publicité. Les exemples de propagande appliquée à la politique, aux questions militaires, à l’économie ne manquent pas certains déjà répertoriés, d’autres plus surprenants : ainsi durant les débuts de la guerre froide l’art abstrait américain en tant que pilier de la liberté a reçu le soutien discret de la CIA pour contrer le « réalisme socialiste » du modèle soviétique.
(1) En référence au livre : « Le viol des foules par la propagande politique » (1952) de Serge Tchakhotine.