La Chambre noire de Longwood: Le voyage à Sainte-Hélène
de Jean-Paul Kauffmann

critiqué par Romur, le 6 juillet 2020
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
L’empereur s’ennuyait, le lecteur aussi
JP Kauffmann est un fervent amateur de Napoléon (pardon, de Bonaparte précise-t-il dans son avant-propos). Dans les années 90 il s’est rendu dans cette île dont nous connaissons tous le nom sans savoir la placer sur une carte : Sainte Hélène, dernière étape de l’épopée. Longwood, c’est la propriété humide et battue par les vents où sera installé l’Empereur déchu. La chambre noire, c’est la sienne.
Une grosse semaine passée sur l’île, accueilli et guidé par le consul honoraire de la France conservateur de ce lieu de mémoire. Chaque jour donne lieu à un chapitre, journal des visites que fait Kauffmann, de ses rencontres, de ses réflexions, entrelacées de l’évocation de la vie quotidienne de l’Empereur pendant ces 6 années de réclusion, telle que rapportées par ses compagnons. C’est documenté, sensible, vivant. Kauffmann nous fait sentir la décrépitude du lieu mangé par l’humidité et les termites, les odeurs qui imprègnent les pièces. Pas étonnant que Napoléon, homme d’actions et de pouvoir, se soit consumé et décomposé dans cette atmosphère, repensant sa carrière et refaisant la bataille de Waterloo qu’il n’aurait pas dû perdre.
En dépit de quelques personnages pittoresques (le père du consul, une vieille anglaise originale qui visite elle aussi), ce mélange de méditation et de digressions est à la longue aussi pesant que l’ambiance qui règne à Longwood. Mais contrairement à l’Empereur, le lecteur a la chance de pouvoir s’en échapper.