La paix avec les morts
de Christophe Bataille, Rithy Panh

critiqué par Colen8, le 5 juillet 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Survivre au génocide cambodgien
En phrases sèches terriblement évocatrices, par des bribes de faits et de souvenirs, des réminiscences éparses dans ces lieux de destruction, des va-et-vient avec les dates renaît peu à peu l’histoire. C’est celle de la joyeuse famille des Panh, de leurs voisins, de Phnom Penh vidée de ses millions d’habitants en quelques jours à l’arrivée des Khmers rouges en 1975. Seule l’invasion quatre ans plus tard des communistes vietnamiens mettra fin à ce régime de tortionnaires cause directe ou non de presque deux millions de morts. Un négationnisme s’instille par l’effacement des preuves, le doute infligé aux survivants en réponse à leurs témoignages, eux les rescapés des camps d’extermination, elles les innombrables victimes de la faim. Avant que tout ne disparaisse des atrocités commises hormis les tonnes de cranes et d’ossements humains qui sont partout dans la terre Rithy Panh armé de sa caméra visite, interroge, filme, à la recherche des endroits où ont pu être enterrés ses parents, ses sœurs, ses neveux, une grande partie de sa famille. Il tente d’analyser les sentiments des bourreaux cambodgiens qui se sont tranquillement, lâchement fondus parmi les populations restantes, niant sans scrupule leur responsabilité derrière une idéologie contagieuse, derrière un oubli volontaire mais rendu impossible aux témoins de ce drame.