L'âme à Deshusses
de Patrick Boutin, Simon Deshusses (Dessin)

critiqué par Débézed, le 24 juin 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
En images et en vers
« Aujourd’hui m’est venue une idée : devenir à mon tour illustrateur ! En effet, pourquoi ne pas tenter de saisir en poèmes certains dessins fulgurants de Simon, jeté sur le papier comme à la mer… ? ». Patrick a fait la connaissance de Simon sur la Toile, il a découvert ses dessins, les a appréciés et lui a suggéré d’illustrer les recueils de poésie qu’il souhaitait publier. Et, ainsi sont nés deux recueils dont « Les noces de porcelaine », publié chez Ginkgo éditeur, que j’ai commenté il y a quelques jours seulement. L’idée de Patrick était donc de renvoyé la balle à Simon en lui proposant d’illustrer de ses vers des dessins qu’il lui proposerait, l’illustrateur n’a pas manqué cette opportunité et il a présenté ses vers au poète qui les a accompagnés chacun d’un sonnet.

« J’ai rêvé en riant à maintes historiettes
Brodées sur les dessins de Simon – pour qu’enfin
Le rêve soit la pure étoffe des biffins ! »

Simon a dessiné, avec le talent que désormais on lui connaît, presque uniquement des personnages : des hommes âgés, fanés, flétris, des satyres, des mendiants et des jeunes femmes ou filles légères et même dévergondées. Il dépeint un monde délétère dont les habitants sont usés, abîmés, par les abus de la société et où les belles jeunes femmes ne sont que l’image du désir et du vice.

« Dans chaque valise sous les yeux, il consigne
Ses illusions perdues et jamais racontées,
Mille idées de départ sans jamais s‘en aller… »

Patrick a ajouté ses mots sous la forme de sonnets, une forme poétique un peu vétuste, je n’en ai pas lu beaucoup au cours des dernières années, et très contraignantes, rendant l’exercice encore plus difficile. J’ai retrouvé dans ces sonnets le goût de l’auteur pour les mots, les mots oubliés, les mots anciens, les mots rares, les mots scientifiques, … et son sens de l’écriture, la belle écriture qu’on rencontre de moins en moins souvent.

« La pécheresse alors, enlevant ses tissus,
Console le quidam en train de chialer
Parce que son épouse avait des céphalées. »

Ces dessins illustrés de vers peuvent paraître bien sombres et désespérés mais attention l’humour « suisse » du dessinateur n’est jamais bien loin ! Il pourrait vous « faire prendre l’Helvétie pour une lanterne ! ».