Philippe le Bel, une âme dans une statue de fer
de Antoine de Lévis-Mirepoix

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 24 juin 2020
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Un roi controversé.
Presque toujours, quand un biographe étudie la vie d’un personnage, il s’y attache. Le duc de Lévis Mirepoix ne manque pas à la règle : il admire Philippe le Bel – comme d’ailleurs, tous les Rois de France – au point d’en perdre parfois de son objectivité, me semble-t-il. Il raconte ici l’histoire de ce roi très controversé et, sur les trois cents pages, il ne lui trouve aucun défaut. Il dira, par exemple, qu’il était sage et prudent parce qu’il s’entourait de conseillers. Mais ses conseillers avaient beau être de brillants légistes férus de droit romain, ce n’en était pas moins des fripouilles. Et en fait, son procédé est assez pratique : quand quelque chose s’est mal passé, c’est la faute aux conseillers ; quand ça s’est bien passé c’est grâce au roi. Mais ce parti pris rend le livre attrayant parce que l’auteur, pour défendre le roi, y met de la passion.

Le duc de Lévis Mirepoix raconte très bien. Quand il se lance dans les grands événements du règne, comme la bataille des éperons d’or – cette retentissante victoire des Flamands contre les Français dont nos amis flamands nous rabâchent encore les oreilles aujourd’hui – son récit prend des allures de roman d’action et on vibre comme si on y était. Quand il raconte les histoires de la Cour royale avec les galipettes des belles et jeunes princesses, le lecteur s’amuse et puis s’émeut... parce que ça finit par des condamnations à mort ! A un autre moment il nous entraîne chez les Cathares, parce que beaucoup de Cathares repentis étaient passés chez les Templiers, et c’est le moment de nous détailler quelques aspects de leur hérésie. Ces diversions rendent le livre attrayant.

Quand par moment, il arrive à l’auteur de faire des raccourcis pour abréger certaines histoires, ça rend la lecture un peu confuse. Mais le lecteur ne s’en plaindra pas, ça évite les longueurs soporifiques ; et puis, on ne peut pas raconter tous les détails d’un règne à moins de se lancer dans des récits où le lecteur finirait par se perdre. Le duc de Lévis Mirepoix est un historien qui écrit des livres « grand public ». Avec lui, le lecteur s’amuse et s’instruit.

Quand il aborde l’affaire des Templiers, c’est tout à fait passionnant parce que l’auteur raconte bien la détermination de Philippe le Bel d’en finir avec le Temple ; mais, personnellement, j’ai trouvé que sa plaidoirie pour le roi et sa façon de lui trouver des excuses étaient un peu tordues. Le lecteur impartial que je suis reste sur l’impression que Philippe le Bel, en condamnant le Temple, s’est conduit comme un tyran sanguinaire et jaloux de son pouvoir.

Le comble, ai-je trouvé, est que sur la couverture de mon édition, figure la croix des Templiers juste en dessous du nom de Philippe le Bel ! Mais il est vrai que c’est sous ce signe prestigieux que ce roi, maudit pour les uns, admiré par d’autres, mais toujours controversé, est entré dans l’Histoire.