Anatomie du bourreau
de Jens-Martin Eriksen

critiqué par Sahkti, le 2 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Comment je suis devenu bourreau
Enquist a écrit sur le pouvoir et ses zones d'ombre.
Un autre auteur scandinave le fait très bien : Jean-Martin Eriksen. Un auteur de crimes de guerre s'y raconte, analysant comment il a pu commettre le pire, obéir aveuglément aux ordres de carnage, bref comment il est devenu bourreau. Le jeune homme raconte les ordres, le lavage de cerveau, l'enchaînement des gestes, la succession des actes qui l'ont conduit au pire. Il confie son passé traumatique tout en essayant de se comprendre. Cela donne au récit un côté énigmatique.
Le bourreau semble regretter ses actes et souligne qu'il a été forcé, contraint. Il refoule ce qu'il a fait et sort des mensonges auxquels il veut croire. Son témoignage est confus, il tente de remettre de l'ordre dans ses pensées et s'interroge au fur et à mesure sur le comportement qui a été le sien. On l'écoute, on se plonge dans son récit, on ne l'excuse pas parce que lui même ne le fait pas, mais on le regarde d'un œil sensible et très humain.
Eriksen a eu l'idée et le besoin d'écrire ce roman après avoir vu les charniers de l'ex-Yougoslavie. Elevé dans l'idée du "plus jamais ça", il pensait qu'il était impossible de vivre encore en Europe des événements similaires aux camps de concentration de la Seconde Guerre. Or, le génocide bosniaque lui démontre l'inverse.
Son roman a été diffusé en Serbie, où une grande partie de la population refuse de croire que des actions aussi graves ont été commises par des Serbes.