Même ville sous la pluie
de Paco Ignacio Taibo

critiqué par Gryphon, le 1 août 2004
(Mexico DF - 59 ans)


La note:  étoiles
Un privé mexicain
Comment ça, mort? Eh non, le détective Héctor Belascoarán Shayne est bien vivant et y va de sa quatrième aventure. Un peu malgré lui, soit.

En fait, cette quatrième aventure du privé mexicain n'aurait jamais dû exister. Lassé, l'auteur l'avait fait mourir dans le précédent volume, "Pas de fin heureuse", paru en 1981. Or, quelques années plus tard, les fans du personnage, très nombreux au Mexique, ont fini par décider l'auteur de donner une suite aux aventures du privé borgne. Héctor Belascoarán Shayne ressuscite donc, sans qu'on sache très bien comment, et peu importe après tout: Mexico est une ville irréelle, une mégalopole de 20 millions d'habitants qui suit sa propre logique surréaliste.

Depuis la dernière apparition du privé, la ville a d'ailleurs beaucoup changé: Il y a eu le grand tremblement de terre qui a laissé pas mal de quartiers en ruines, il y a l'espoir d'un changement politique incarné par Cuauhtémoc Cárdenas, qui pourrait mettre fin à 60 ans de régime d'un même parti.

Le privé, lui, apparaît d'abord en petite forme, victime de crises de paranoïa, dorénavant dans l'incapacité de se sentir chez lui dans cette ville de Mexico à laquelle il est pourtant lié corps et âme. Carburant au coca (les Mexicains en sont les plus grands consommateurs du monde), il accepte d'enquêter sur un drôle de Cubain à l'identité fragmentée, qui aurait acculé au suicide sa femme, serait mêlé comme agent de la CIA à une opération d'envergure au Mexique, impliqué dans un trafic d'objets d'art préhispaniques et qui aurait volé les mains du Che après sa mort en 1967.

Un roman pour les amateurs de polars et les amateurs du Mexique, voire les deux. Comme toujours admirablement traduit par Marianne Millon.