Boo
de Neil Smith

critiqué par Dervla3012, le 27 mai 2020
( - 18 ans)


La note:  étoiles
Le meurtrier qui sommeille en chacun de nous
De quoi ça parle ?

Un beau matin de septembre, Oliver Dalrymple se tient devant son casier. Le jeune adolescent, paria de son collège et surnommé « Boo » par ses charmants camarades de classe du fait de sa pâleur spectrale, est en train de réciter les cent six éléments du tableau périodique.

Nous sommes le 7 septembre 1979, à peine une semaine après le retour des vacances. Le garçon se concentre, récite et parvient pour la toute première fois jusqu’au dernier élément chimique. Il n’en revient tellement pas… qu’il tombe raide mort.

L’instant d’après, Oliver se retrouve dans un lit, entièrement nu. À côté de lui, une jeune fille d’à peu près son âge est en train de ronfler paisiblement. Il comprend alors aussitôt que toute cette situation ne peut signifier qu’une chose : il a passé l’arme à gauche. Cette vérité lui vient tout naturellement lorsqu’il s’aperçoit que ces indispensables lunettes n’occupent plus leur place habituelle au-dessus de son nez. Pourtant, sa vue est irréprochable.

Réveillant la « maîtresse des lieux », il apprend qu’elle se prénomme Thelma. Il se trouve désormais au « Village », un endroit spécialement réservé aux trépassés américains de treize ans.

Cet endroit singulier pourrait être qualifié de banal si ce n’était la raison qui y a conduit tous ces jeunes filles et garçons. Le « Village » se compose de quatre grands murs de béton infranchissables à l’intérieur desquels s’organise une société entièrement dirigée par des enfants. Divisée en quinze secteurs, on n'y trouve ni lacs, ni forêts, ni montagnes, seulement de hauts immeubles de briques rouges. Pas plus d’animaux ou de voitures d’ailleurs ; les habitants doivent se contenter de vélos pour se déplacer.

Petit à petit néanmoins, Dalrymple s’adapte à ce nouvel environnement où la nourriture apparaît toute seule sur les étagères, où les vitres repoussent après quelques jours seulement et où les blessures se soignent d’elles-mêmes. La plomberie et les aliments n’y sont pas meilleurs qu’ailleurs (on y mange des conserves), les querelles et les règlements de comptes n’ont pas cessé comme par magie mais, au moins, les enfants ne manquent de rien. La plupart considèrent que Dieu leur fournit tous les équipements nécessaires et que derrière leurs grandes murailles se trouvent peut-être des adultes chinois de trente-huit ans, ou toute autre catégorie d’être humain.

Un soir, alors qu’Oliver est plongé dans un profond sommeil, Thelma débarque dans son dortoir avec un « nouveau-né ». Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il s’aperçoit que la nouvelle recrue n’est autre que Johnny, son ancien camarade de classe !

Les nouvelles ne sont néanmoins pas bonnes. Le défunt est perturbé, effrayé. Il finit par avouer à Oliver que sa mort, qu’il croyait due à un arrêt cardiaque, résulte en réalité d’un assassinat perpétré par un nouvel arrivant du collège qui a déclenché une fusillade mortelle avant de se suicider par balle.

Maintenant, Dalrymple ne sait trop que penser. Qui est son tueur ? Quelle est la raison de son crime ? D’autant plus que, s’il a lui aussi mis fin à ses jours, il se trouve très probablement au « Village ».

Il décide alors, avec l’aide de Thelma et de son ancien camarade, de partir à la recherche du coupable.

Mais d’erreurs en déprime, de mensonges en désillusion, Boo va se rendre compte que le criminel n’est peut-être pas celui qu’il croit. Pour cause, en chacun de nous, n’y a-t-il pas une petite part de meurtrier ?

Mon avis :

Ce roman m’a été très fortement recommandé dans un comité de lecture auquel j’appartiens. Mes camarades de lecture ne cessaient d’en vanter les qualités. Alors que pouvais-je faire d’autre que de souhaiter me plonger, moi aussi, dans ce roman ?

L’histoire pas à pas :

Je savais qu’il fallait s’attendre à de très grands rebondissements et à des retournements de situation haletants.

Je dois avouer que le début de l’histoire m’a tout d’abord emballée, je ne pouvais plus lâcher ce livre ! Puis le tempo a ralenti, traîné… J’ai peu à peu perdu le goût de cette trame si prometteuse.

Vers la fin, comme par magie, la plume de l’auteur a repris des couleurs, jusqu’au moment où… J’ai pu anticiper la chute. Tout de suite, drame et déluge, une critique assassine se formait déjà dans mon esprit.

Quelle ne fut donc pas ma surprise, lectrice naïve que je suis, de découvrir que je m’étais tout simplement laissé berner comme les autres. Le fin mot de l’histoire m’a sauté à la figure et je n’ai rien vu venir ! Un bon point doit donc révérencieusement être accordé à cet ouvrage (même si les futurs lecteurs seront désormais à l’affût de tous les dénouements possibles).

Les personnages :

Je ne les ai pas aimés.

Oliver, qui est tout de suite présenté comme particulier, est construit de telle sorte qu’il doit s’attirer la sympathie du lecteur. Toutefois, son personnages est trop surfait, peu plausible.

Quant aux autres, Thelma, Esther et Johnny… Ils sont trop enfantins, si je puis dire. Ils sont tout de même censés avoir treize ans !

Ressenti global :

En somme, la trame est bonne, voire superbe ! L’intrigue est farfelue, drôle, remettant chacun d’entre nous en question. Toutefois, les personnages sont peu attachants et l’histoire a un aspect trop puéril : l’auteur n’a pas réussi à bien coller à l’âge de ses protagonistes.

Ce n’est pas un « mauvais » livre, il est même réussi, mais je ne relirai probablement pas d’autres ouvrages de l’auteur.

Petit plus non négligeable :

Il serait maintenant impoli de ma part de partir sans vous donner un avant-goût de ce roman. Voici donc un propos d’Oliver lui-même :

« C’est la première fois qu’il rit depuis son passage. Je suis encore plus fier que le jour où j’ai réussi à faire augmenter le pH de mon urine en consommant plus d’agrumes.
En conséquence, je me fends d’un sourire. »