Paulette et Roger
de Daniel Picouly

critiqué par Marvic, le 18 mai 2020
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
C’était comment avant
Savoir qui étaient nos parents avant d’être parents, nombreux sont ceux qui le souhaiteraient. Daniel Picouly s’est lancé le défi de retracer leurs jeunesses, en entremêlant souvenirs réels et fictions, devenant témoin et acteur de la rencontre de ses parents... alors même qu’il n’a pas encore vu le jour !
Cela commence par la demande au Général de Gaulle de se faire parachuter au dessus du village de Vauzelles, le 5 novembre 1943, soit 5 ans avant sa naissance, où il veut retrouver sa maison natale mais surtout sa M’am.
Paulette s’est mariée à 15 ans avec Roger qui lui en avait 17, enceinte de Jacky. Devenue veuve avec 5 enfants, elle rencontre en pleine guerre celui qui allait devenir le père de l’auteur, Roger, d’origine martiniquaise.
"Le premier mari s’appelait Roger, lui aussi travaillait aux Ateliers, lui aussi était chaudronnier, lui aussi avait une moto. Est-ce que la M’am commencerait une collection de Roger ? "Tu veux une calotte ?""

Un incroyable roman dans lequel l’auteur devient témoin et voyeur de la rencontre et du mariage de ses parents, le spectateur actif d’actes de résistance, et rêve d’uchronie.
Le récit est touchant mais très déroutant dans ses divagations, ses digressions et son absence de chronologie.
L’auteur rapporte avec beaucoup d’humour de nombreuses expressions employées par ses parents, amusants mélanges ou arrangements, mais aussi formules familiales liées à leur histoire, comme des mots de passe de la résistance ("ça n’a pas l’air d’une intoxication aux praires"), ou du bon sens populaire. "C’est pas raconter qui fait mourir, c’est rien dire".

Un livre sorti en 2001, retrouvé à la "faveur" du confinement, qui se montre déroutant puis qui nous emporte avec plaisir et humour dans la vie d’un couple attachant dont le fils peut être fier.