Aux armes
de Boris Marme

critiqué par CHALOT, le 20 avril 2020
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un premier roman poignant
« Aux armes »
roman de Boris Marme
éditions Liana Lévi
264 pages
janvier 2020

Wayne Chambers, officier de police chargé de la surveillance d'un lycée américain arrive tranquillement, un matin, dans l'établissement d'exercice
Tout à coup il entend des bruits suspects, comme des tirs d'armes.... c'est bien cela, il se précipite et arrive, l'arme à la main devant le bâtiment principal.
Au lieu de rentrer pour intervenir, il est comme tétanisé, choisissant de s'occuper des enfants qui, affolés sortent, plutôt que d'entrer …. C'est un choix, son choix, non mûrement réfléchi, tout va très vite.
Des renforts de police arrivent quelques minutes après, c'est abominable : un lycéen a tiré avec un fusil d'assaut, tuant des lycéennes et des lycéens et en blessant d'autres.
C'est un carnage.
Une nuée de journalistes arrive.
Wayne, déboussolé, renvoyé dans ses foyers par son chef, le shérif qui lui reproche son attitude , est cassé.... Il se pose des questions et culpabilise.
Pourquoi n'a t-il rien fait ?
Grand, costaud, bon professionnel, il aurait pu monter à l'étage et intervenir, or il ne l'a pas fait.
Les journalistes, avides de sensationnel, s'intéressent au jeune coupable, à l'assassin qui à la fin de son acte démentiel, s'est donné la mort...
Ces informations qui tournent en boucle passionnent le public qui finit par se lasser.
Il lui faut autre chose, un bouc émissaire, ce sera l'adjoint du shérif, Wayne qui, démis de ses fonctions vit avec sa mère et ses regrets.
Qui a lâché l'information ? Le shérif pour se dédouaner.
«  Le nom de Wayne Chambers est désormais sur toutes les lèvres et sous les plumes de journalistes. Très vite son portrait se dévoile sur tous les écrans de télé, d'ordinateur, de tablette, de téléphone, et fait la une des journaux comme la plus célèbre star du moment ou le plus grand des parias. »
Les journalistes ne le lâcheront plus, ils vont construire une émission régulière sous forme d'un tribunal pour savoir si le policier est coupable.
C'est la télé- « vérité » comme ils disent, le règne du voyeurisme et de la bêtise.
Les nouveaux juges populaires, souvent d'ailleurs anonymes, s'y donnent à cœur joie.
Les « chiens sont lâchés », tout est fait pour qu'il y ait de l'audience et du profit.... tant pis pour ce jeune policier et pour sa mère .
Est-ce cela la société qu'on nous prépare ?
C'est l'Amérique diraient certains, nous sommes nous, ici, en France, cela ne peut pas nous arriver !
Pas encore mais la mondialisation de la haine médiatisée s'étend.
L'auteur, enseignant, signe ici son premier roman, un chef d’œuvre poignant !

Jean-François Chalot