Le prince bureaucrate de Romain Laufer, Catherine Paradeise

Le prince bureaucrate de Romain Laufer, Catherine Paradeise

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Colen8, le 14 avril 2020 (Inscrite le 9 décembre 2014, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Le marketing, forme moderne du sophisme ?

L’étude de la légitimité du pouvoir dans l’histoire tout d’abord, dans la société moderne dorénavant s’inscrit dans la typologie wébérienne d’où découle celle de la domination :
- légitimité charismatique quand elle vient du Sacré, propre à l’Ancien Régime
- légitimité traditionnelle dans l’Histoire avec le respect de la loi coutumière, le droit du chef à commander, le devoir d’obéissance de ses membres
- légitimité rationnelle-légale issue de la Révolution, reflet du régime libéral qui autonomise l’individu en lui imposant néanmoins le respect de la loi.
La crise permanente de la représentation surtout depuis le XIXe siècle, avec elle celle de la légitimité du pouvoir, a vu le recours à l’art de la persuasion qui substitue la manière douce à la violence. C’est l’un des apports du marketing venu des Etats-Unis après 1945, d’une façon comparable au sophisme importé d’Ionie dans la Grèce classique. L’un comme l’autre indirectement ont pour mission de renforcer un pouvoir, que ce soit celui du gouvernement, celui de son administration revêtue des habits de la bureaucratie, celui des grandes organisations qui s’adressent au marché. Les moyens de contrôle offerts par la cybernétique, science des systèmes, par l’informatique(1), technologie capable de faire parler des masses de données deviennent une manne pour une bureaucratie tentaculaire que rien ne parvient à maîtriser.
Une phrase mérite d’être retenue qui ferait un bon sujet de dissertation philosophique : « Dans le règne de l’apparence le plus profond c’est la surface ». Par contre le long développement de l’aspect théorique couvrant sur les deux derniers siècles les disciplines des sciences humaines et sociales, les notions de l’individualisme propre à l’économie libérale opposées à celles du holisme attaché à l’intérêt général, les interdépendances entre nature et culture, le passage de l’Etat gendarme à l’Etat-providence garant du service public, cet ensemble traité avec infiniment de sérieux et de références reste malgré tout assez indigeste.
(1) Préfigurant, en 1982, l’actuelle invasion du big data numérique

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