Je pourrais commencer ma critique par un « Jubilatoire ! » criant et sonore. Mais, franchement, en dehors du fait que je ne serais que l’énième à l’écrire ou le dire, cela ne vous donnerait aucun élément objectif pour comprendre ce que Nadine Monfils vous offre à lire comme roman. Or une critique, ce n’est pas pour se faire plaisir à soi, ni même pour satisfaire l’ego du romancier, mais bien pour vous donner une indication majeure : ce livre va-t-il, peut-il, me plaire ?
Je n’ai découvert Nadine Monfils que récemment à l’occasion de la sortie de son roman, entre autre, Les vacances d’un sérial killer. Du coup, je ne connaissais pas ce fameux Léon dont j’avais entendu parler mais que je n’avais pas fréquenté de près… Comme les éditions Belfond rééditent les deux premiers romans de la série en un seul volume, c’est vraiment l’occasion de la découvrir…
Commençons par bien mettre les choses au point. Les enquêtes du commissaire Léon sont à la fois de véritables polars, plutôt bien sanglants, avec une énigme solide, des personnages jouant bien leurs rôles ce qui permettra au lecteur de faire travailler ses neurones. Mais elles sont aussi assez déjantées avec un humour bien réel lui-aussi. Nadine Monfils glisse des expressions belges au milieu de celles qu’elle a intégrées depuis qu’elle vit à Montmartre si bien que nous sommes aussi – autre facette du roman – dans une écriture expérimentale comme pouvait l’être celles des Rabelais, Céline, Frédéric Dard…
Oui, je sais bien qu’une telle comparaison va en effrayer quelques-uns, en réjouir d’autres, en faire fuir ou laisser dubitatifs les derniers. Pourtant, je crois que ce que cette romancière nous offre dans ces textes est bien de ce genre-là. Alors, on peut aimer ou pas, mais moi j’adore et je rigole régulièrement, même entre deux morts atroces…
Léon, célibataire qui vit encore avec sa mère et son chien atypique, est un policier qui a ses habitudes – comme celle des putes quand on lui laisse le temps – et qui est très généreux, surtout avec ses amis qui n’appartiennent pas, disons-le franchement, à la haute société parisienne…
Dans Madame Edouard, Léon est confronté à des morts étranges de filles qui ont un point commun, celui d’être des artistes peintres. On les retrouve mortes, mais avec une main et un avant-bras en moins… Collection cruelle, meurtres en série, œuvre d’un fou, les pistes ne sont pas très nombreuses et Léon a du mal à y voir clair. Heureusement – ce n’est peut-être pas le mot à utiliser – son équipe est là pour le seconder : une secrétaire foldingue qui se refait une beauté en permanence, y compris en faisant appel à la chirurgie esthétique – et qui lorgne du côté d’un lieutenant pourtant marié ; un lieutenant marié, père d’une très nombreuse famille qui découvrira un jour, probablement, la contraception ; un autre policier dénué de toute intelligence ; enfin, pour ne pas tous les citer, un autre policier non gradé qui fréquente des lieux pas strictement en concordance avec sa vie familiale…
Les collègues de bistrot ne sont pas tous de meilleures essences, et je pense que l’un des personnages étonnants de ce premier roman est Irma qui est d’une crédibilité surprenante tout en étant improbable. C’est un peu comme si les mots de la romancière pouvaient tout nous faire croire ! Quel talent !
Mais je ne vais pas vous en dire plus, vous allez découvrir Marie, Carine et tout cet univers de Nadine Monfils en espérant que vous vous y plairez autant que moi. Une excellente lecture estivale à prolonger toute l’année si affinité, bien sûr !!!
Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 7 juillet 2012 |