Journal du voyage de Siam
de François-Timoléon de Choisy

critiqué par Tanneguy, le 8 avril 2020
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
récit d'une ambassade lointaine
C'est un peu grâce au confinement que j'ai retrouvé cet ouvrage oublié au fond d'une bibliothèque et j'ai pu ainsi renouer avec l'étonnant abbé de Choisy, connu aussi par son goût pour les vêtements féminins ; il a d'ailleurs conté ses exploits dans un livre "Mémoires de l'abbé de Choisy déguisé en femme" ouvrage que je n'ai pas retrouvé.

Ici il s'agit de tout autre chose, notre personnage s'est amendé, il a fait retraite au séminaire (les missions étrangères, rue du Bac) et se destine à la prêtrise . Mais il entend parler du projet d'une ambassade du roi Louis XIV au Siam avec pour objet la conversion du roi de ce pays à la religion catholique ce qui ouvrirait des perspectives brillantes pour la France, pour ses missionnaires (les Missions Etrangères sont florissantes à l'époque..), et aussi son commerce face aux diverses Compagnies des Indes, anglaise et hollandaise notamment. Choisy ne sera pas nommé ambassadeur mais il arrachera du Roi la faveur d'être le coadjuteur et d'accompagner ce voyage. Il promet à son mentor et ami l'abbé Danjeau de lui écrire fidèlement chaque jour. Il tiendra parole et c'est le texte correspondant qui n'était pas destiné à être rendu public qui forme l'essentiel du présent ouvrage. Celui-ci a été heureusement retravaillé et annoté pour le rendre accessible au lecteur d'aujourd'hui, c'est une réussite !

Du 3 mars 1685, date de l'appareillage de Brest, au 18 juin 1686, date du retour, l’auteur raconte tout avec franchise et souvent avec humour et nous apprend des choses étonnantes sur le fonctionnement de la Cour de Versailles, sur la navigation à voiles, sur les escales (le Cap et Djakarta), sur le royaume de Siam (Thaïlande) et ses voisins dont le Laos et, plus loin le Tonkin et la Cochinchine. C'est passionnant de voir combien cette région du monde intéressait la France malgré les distances considérables qui sous-entendaient un confinement (!) de plusieurs mois dans un espaces exigu inconfortable et puant, à savoir un vaisseau de guerre de la marine à voiles.

Le rythme du récit est inégal, celui de la navigation aussi mais le plaisir de la lecture est constant.