Le dernier jour de la création
de Wolfgang Jeschke

critiqué par Cédelor, le 4 avril 2020
(Paris - 52 ans)


La note:  étoiles
Voyage temporel, pétrole et baluchitherium !
Après avoir fini de lire mon dernier livre, j’ai eu dans mon esprit clairement l’envie de lire ensuite le livre de science-fiction d’un auteur allemand que j’avais dans ma petite bibliothèque. Je l’en tirai et en vis précisément le titre et le nom de l’auteur : « Le dernier jour de la création » de Wolfgang Jeschke.

Alors précisons tout de suite qu’il m’était totalement inconnu. Plus encore s’agissant d’un auteur allemand de science-fiction, ce qui est bien rare sous nos latitudes. Habituellement, la science-fiction est principalement écrite et publiée par des auteurs anglo-saxons, surtout américains et anglais. Il y a aussi beaucoup d’auteurs français dans le même genre. Mais de l’Allemagne ?! Raison de plus pour avoir envie d’en découvrir un, et comme j’avais celui-ci dans ma petite bibliothèque (et il est bien le seul que j’ai dans le genre !), je le pris, donc, et le lus. J’en puis maintenant en faire la critique.

Un mot d’abord sur l’auteur, Wolfgang Jeschke (un patronyme pas facile à prononcer, je vous l’accorde !). Après lecture de sa biographie dans Wikipédia, on peut savoir qu’il est né en 1936 en Bohême (République tchèque) et mort le 10 juin 2015 à Munich à 78 ans. Il était romancier et nouvelliste mais a surtout été éditeur de livres de science-fiction et de fantasy et s’est efforcé de promouvoir la science-fiction allemande. Seul 2 de ses romans ont été traduits en français, « Le jeu de Cuse » et « Le dernier jour de la création ».

Donc, pour ce dernier livre, alors voilà. Je dois dire que j’ai bien aimé. Le thème de ce roman de SF de type militariste est le voyage dans le temps. C’est aussi une uchronie. Au lieu de voyage sur la Lune, les américains ont inventé le voyage dans le temps. Steve Stanley, pilote à l’Air Force est recruté pour faire partie d’une mission dont le but semble impossible et inimaginable : faire un saut très loin dans le passé afin de pouvoir pomper les réserves de pétrole bien avant tout le monde. Evidemment, tout ne se passera pas comme prévu (sinon, il n’y aurait pas de roman !). Cela été écrit en 1981, au moment des chocs pétroliers et reflète donc les préoccupations de son temps.

Le roman est très bon, d’une écriture dense et régulière, dans un style disons professionnel et efficace, sans fioritures, ce qui n’exclut pas des passages pleins de poésie. Un livre aisé à lire et facile à suivre malgré les multiples personnages et situations (le personnage de Stanley servant de fil conducteur) donc, avec parfois quelques fautes de syntaxe, qui me semble plus dues à la traduction qu’à l’auteur. Cette facilité de lecture aide à suivre la complexité de l’histoire. Un roman fait pour suivre l’action sans s’y perdre et y prendre plaisir. Vers la fin, pourtant, certains personnages, qui sont tous des militaires, deviennent capables de philosopher, ce qui m’a semblé moins crédible, mais pourquoi pas.

Sinon, on entre facilement dans l’histoire et on y reste, happé par la curiosité et surtout le plaisir. On a toujours envie de savoir ce qui se passe ensuite. Le début est une lente montée en tension, le recrutement du pilote, l’annonce de la mission, la préparation puis vint le moment du départ. Tout est très bien amené, avec du suspense. Ensuite on entre dans la deuxième partie du livre, qui bascule dans une autre époque très loin dans le passé, 5 millions d’années avant notre ère. Et c’est un autre livre qui commence, plus violent, plus sanglant, plus mélancolique. Et bien sûr, s’y révèlent des paradoxes temporels dus au voyage dans le temps, ce qui fait que la mission ne s'est pas déroulée comme il était prévu. Mais je n’en dirai pas plus, pour ne vous gâcher le plaisir le jour où l’envie vous prendrait de découvrir ce livre.

Certes, c’est un livre qui date d’il y a 40 ans, et qui n’est pas connu, d’un auteur qui l’est encore moins et qu’on ne doit plus lire de nos jours, mais qui mériterait d’être un peu plus reconnu. C’est un très bon livre de science-fiction, sans qu’il soit parfait, d’une facture classique, qui mêle action et réflexion. J’ai apprécié de m’y immerger et ai passé avec de bons moments.

Dernière remarque : la couverture du livre ne reflète pas le contenu. Ce n’est pas un mammouth qui aurait dû y être représenté mais un mégatherium ou un baluchitherium !