Population : 48 de Adam Sternbergh, Charles Bonnot (Traduction)
(The Blinds)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Anglophone

Critiqué par Septularisen, le 29 mars 2020 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
Visites : 2 554 

«Tout le monde est coupable. Personne ne sait de quoi.»

Bienvenue à Caesura, petit village perdu au fin fond du désert du Texas, au milieu de la poussière et de la chaleur. A première vue ce petit village est comme tous les autres, des habitants (48 pour être exact), soixante-douze bungalows identiques (trente-six de chaque côté de la ville), une église, un cabinet médical, un garage, un drugstore, un petit bar, une bibliothèque, un shérif et ses deux assistants pour faire régner l’ordre…

Et pourtant, à Caesura (surnommée par ses habitants «Blind Town»), un grillage barbelé de quatre mètres de haut fait le tour de la ville, un portail fermé à clef l’isole du reste du monde, et tous les habitants ont une particularité : Tous sont des criminels ou des témoins dans des affaires criminelles… Sauf que personne ne sait qui est qui et qui a fait quoi… En effet, tous ont changé d'identité, de vie et de nom. Et tous ont volontairement passé un marché avec la justice : Ils échappent à la prison, et bénéficient d’une amnistie totale. Par contre une partie de leur mémoire (celle correspondant à leurs crimes…), leur a définitivement été effacée, par un complexe procédé chimique.

Il n’y a que trois règles très simples à «Blind Town»: aucun contact avec l’extérieur (pas de téléphone, pas d’internet, pas de courrier), aucune visite et, en cas de départ, aucun retour en arrière! Une expérience unique en son genre, menée par un mystérieux institut de recherches… Tout allait bien dans le meilleur des mondes, le tout sous la surveillance du bon shérif Calvin Cooper… Jusqu’au jour où un des résidents, Hubert Humphrey Gable, est retrouvé assassiné par balles. Or, à part celle du shériff, personne n'est censé avoir une arme à «Blind Town»!..

Que dire de plus sur ce polar? L’écriture d'Adam STERNBERGH est belle et captivante, c’est facile à lire, et les pages se tournent sans qu’on y fasse vraiment attention. L'idée de départ est incontestablement très originale, le milieu anxiogène et le huis clos sont bien restitués, mais certaines ficelles scénaristiques très (mais très), grosses sont vraiment les malvenues! L’intrigue avance de façon trop brusque, trop alambiquée, et à la fin on n’y croit plus une seule seconde! On jurerait que le sujet est un peu trop vaste et que sa maîtrise échappe totalement à son auteur! Il y a aussi les inévitables erreurs qui gâchent un peu la lecture : Pg. 223 p.ex. si Cooper indique à l'agent Rico la rue dans laquelle se trouve l'enfant qu'il cherche, pourquoi son assistante Santayana, demande la même chose au shériff adjoint Sid Dawes Pg. 258, puisqu'ils le savent déjà?

C’est très lent, surtout au début, et la mise en place des personnages, - qui sont très bien rendus et très fouillés psychologiquement -, n’échappe pas à un grand classique : les méchants sont très (mais alors très), méchants et les gentils, sont vraiment trop gentils et trop naïfs!.. Par contre, toutes ces «circonvolutions », plus ou moins longues, et plus ou moins intéressantes pour nous raconter (parfois trop) en détail, ce qu’avait fait tel ou tel habitant avant de se retrouver là, franchement on aurait pu s’en passer aisément… Le livre aurait pu faire 100 pages de moins sans aucune conséquence sur sa lecture et sur la compréhension de l'histoire!

Je ne dirais pas que c’est mauvais pour autant, surtout vers la fin, mais désolé M. STERNBERGH, il se trouve que je me fais une toute autre idée d’un bon polar, que celle d’un livre de 400 pages (dans l’édition de poche), où il ne se passe rien avant la Pg. 200, mais, qui vous révèle le nom du coupable de l’intrigue principale avant même la Pg. 100 (heureusement il y a les secondaires, sinon bonjour la lecture…), et où tout se précipite et se résout entre la Pg. 305 et 384! Et comme la fin tombe un peu à plat et n’est pas du tout celle que l’on attendait…

A recommander seulement aux amateurs du genre!

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9 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 65 ans) - 18 juin 2020

Quelque part dans le désert texan, se trouve Caesura, alias « Blind Town », une toute petite ville close et entourée de barbelés. Y séjournent une quarantaine d’anciens détenus pour toutes sortes de crimes. Une fondation leur a proposé un étrange programme de réhabilitation en circuit fermé. On a effacé de leur mémoire tout souvenir de leurs forfaits passés. À leur arrivée, ils ont dû changer de nom et se voir attribuer un bungalow. Parmi eux, se trouvent peut-être quelques témoins innocents qu’il serait nécessaire de protéger de vengeances du monde extérieur. L’expérience a déjà huit années d’une existence relativement satisfaisante. La petite communauté vit sous la houlette bienveillante du shérif Cooper, ancien maton, seul homme armé et avec la caution médicale de la doctoresse Holliday. L’ennui, c’est qu’un des résidents vient de se suicider, puis qu’un autre a été froidement abattu d’une balle dans la tête dans le petit débit de boissons de l’endroit.
« Population : 48 » est un roman difficilement classable vu qu’il se situe aux limites du roman policier, du thriller, du roman noir et du roman d’anticipation. Le lire ou plutôt le dévorer (c’est un véritable « page-turner » presque impossible à lâcher tant le rythme narratif est haletant !) représente une sacrée expérience. Le volet policier maintient l’intérêt jusqu’aux trois quarts du livre. Il est relayé par l’aspect thriller quand les cadavres s’accumulent de façon apparemment incohérente. La fin totalement dantesque relève vraiment du roman noir quand le passé des uns et des autres ressurgit dans toute son horreur. Mais le plus frappant et le plus troublant est sans doute toute la manipulation psychologique et sociale induite par cette expérience étrange et inquiétante qui s’achève d’une façon à la fois surprenante et réconfortante. Une sorte de verset biblique revient comme un refrain sibyllin (« Il se peut que Dieu pardonne, mais Il exonère rarement »). En fait le pire n’est jamais certain, dira-t-on pour ne rien déflorer. Ouvrage majeur, distrayant et invitant à la réflexion sur la condition humaine. À ne surtout pas rater !!!

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