Pas de défaite pour l'esprit libre: Ecrits politiques 1911-1942
de Stefan Zweig, Brigitte Cain-Hérudent (Traduction), Laurent Seksik (Préface)

critiqué par Colen8, le 24 mars 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Citoyen du monde et engagé
L’élégant homme de culture auteur à succès journaliste et critique livre dans cette sélection d’articles étalés sur trente ans une pensée moins légère que celle qu’on lui a souvent prêtée. Dès 1919, son plaidoyer en faveur d’une République Universelle promouvant simultanément la liberté individuelle et la fraternité entre tous n’est-il pas terriblement d’actualité ? Fort hostile au nationalisme, à peu près seul contre tous il insiste en appelant a minima de ses vœux une Europe (ré)unie et sans frontières.
Prémonitoire en quelque sorte est son sentiment d’étouffement consécutif à la guerre quand il doit affronter la bureaucratie administrative, dont il sera victime plus tard, contraint en tant que juif et autrichien de s’exiler pour fuir le régime nazi. La grande dépression des années 1930, ses millions de chômeurs précédant même l’arrivée d’Hitler au pouvoir lui fait redouter un nouvel affrontement entre les antagonismes irréductibles à l’époque des anglo-saxons mercantilistes, et du monde germanique poussé par son complexe de supériorité.
Au nom de l’humanisme, contre la barbarie renaissante après des siècles d’un progrès tellement vanté, il prend la défense des juifs allemands et de leurs enfants persécutés, milite contre la peine de mort et les très longues condamnations pénitentiaires, fustige la passivité des intellectuels et des élites dont il fait néanmoins partie lui aussi, appelle les jeunes générations à prendre la relève de la faillite morale du continent européen.
Sont exprimées dans ces textes les idées-forces de Stefan Zweig dévoilant un esprit lucide dénué de sectarisme sur la situation internationale, qu’il déroule dans un style clair de la plus grande simplicité. Tous sont précédés d’une courte introduction de la traductrice qui en rappelle le contexte.