Sale gosse
de Mathieu Palain

critiqué par Fanou03, le 21 mars 2020
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Les enfants sauvages
Sale Gosse suit le parcours de Wilfried, placé tout jeune en famille d’accueil. Adolescent, il est sélectionné dans un centre de formation de football de l’AJ Auxerre mais suite à une faute grave il est exclu puis placé dans un foyer de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Mais les éducateurs parviendront-ils vraiment à apaiser les tourments du jeune homme et à redonner un sens à sa vie ?

Évitant le misérabilisme sans néanmoins cacher les faits bruts d'une certaine misère sociale hélas bien réelle et révoltante, on peut dire que Sale Gosse est une « docu-fiction » réussi, un reportage scénarisé qui nous dévoile l’univers des foyers, le courage des éducateurs confrontés à des jeunes gens complètement détruits psychiquement du fait de leur histoire familiale (viols, violence, drogue, etc...), éducateurs qui font ce qu’il peuvent avec les moyens qu’on leur donne. L’écriture de Mathieu Palain est extrêmement alerte, le livre se lit vite, et bien. Au delà de son évident aspect documentaire, il s’avère un hommage à la fois au personnel de la PJJ (où travaillait le père de l’auteur) et à tous ces enfants mis au bans de la société.

Le roman, en arrière-plan, interroge : est-il possible de sauver ces enfants ? Ce que l’on fait pour eux n’est-il donc qu’un emplâtre sur une jambe de bois ? Se donne-t-on d’ailleurs vraiment le moyen de les sauver ? L’auteur ne donne pas de réponse mais ose nous dire que, malgré tout, le combat pour faire de ces "sales gosses" des adultes apaisés libérés des avanies des leur milieu d'origine n'est pas vain et mérite toute notre considération.
Petit Wilfried 9 étoiles

Mathieu Palain est journaliste, visiblement marqué par le parcours de son père, éducateur social. Il a choisi de s'immerger pendant six mois dans le quotidien d'une équipe de la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) d'Auxerre.

Extrait
— Que veux-tu, Wilfried ? demanda la juge.
—Je veux partir, il souffla.
— Partir où ?
—Je sais pas. Loin. Je veux qu'on me laisse tranquille. Je veux vivre ma vie, C'est bon, j'ai compris, le foyer. Je veux plus qu'on me fasse chier avec ça, et tout. Je veux vivre ma vie.

Cet extrait est très représentatif de la vie des enfants de la PJJ .
L’auteur nous explique à l’aide de plusieurs cas vécus, le quotidien des éducateurs et de leurs ados victimes d’un engrenage négatif de la vie : des parents violents et/ou irresponsables, des familles d’accueil aimantes ou intéressées uniquement par l’argent ou …, des centres avec diverses organisations imposés par le juge.
Un excellent moment de lecture, un coup de cœur !

Koudoux - SART - 59 ans - 29 septembre 2020