Nuages et vestiges
de Liliane Schraûwen

critiqué par Débézed, le 13 mars 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Poèmes de deésespoir
Dans des vers aussi libres que le vent, empreints d’un romantisme lyrique, Liliane Schraûwen chante sa ville, les arts, le patrimoine, la nature, …, tout ce qui l’entoure, tout ce qui pourrait faire de Bruxelles la plus belle des villes pour les touristes, la plus romantique pour les amoureux, la plus enchanteresse pour la poétesse et pour toutes les femmes qu’elle raconte, plusieurs femmes, une seule femme ? On ne sait, une ou plusieurs femmes qui résumeraient le sort de toutes les femmes ayant vécu toutes les aventures, tous les drames qu’elle met dans ses vers inondés de désillusion et de désespoir. Elle veut

« Ecrire écrire écrire
Et l’encre coule
Comme du sang
Comme du sang sur le papier
… »

Elle veut écrire pour dire tout ce qu’elle a subi, tout ce qu’on lui a fait subir, sa lassitude, son envie d’en finir :

« …
Cela fait mille ans que j’y vis
Que j’y survis toujours plus seule
Toujours plus triste plus perdue
…»

Elle se souvient de son enfance de ses parents, de ses amours de ses amants, de ses échecs, des abandons accablants qui l’ont torturée, elle ne supporte plus la solitude qu’on lui a infligée.

Dans ce recueil de poèmes tous différents, l’auteure dévide un fil rouge en racontant une histoire, une histoire triste douloureuse, une histoire d’abandon, une histoire de solitude, une histoire d’enfants partis, emmenés même, une histoire d’amour évanoui, une histoire de violence, une grande désillusion, un profond désespoir, un désir de fin. Le sang inonde les vers, le sang de la défloraison, le sang de l’enfantement, le sang qui coule sous la lame qui court sur la page.

« Je suis vieille aujourd’hui
Plus seule que jamais

Mais chaque nuit je te retrouve
Je redeviens petite fille

Mais au matin
Je regrette ces rêves
Où tu étais vivante
Jamais aussi présente
Que depuis ton absence ».

Un vie de femme pleine de douleur, de souffrance, de violence, de trahison, d’abandon, un vie de désillusion et de désespoir. Une vie comme trop de femmes en ont subie. Une vie de femme mise dans des mots mis en vers, des poèmes pour dire l’inacceptable.