Tolkien - Eclairer les ténèbres
de Willy Duraffourg (Scénario), Giancarlo Caracuzzo (Dessin), Flavia Caracuzzo (Couleurs)

critiqué par Blue Boy, le 23 février 2020
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Hommage convenu à l'un des « pères » de la fantasy moderne
On connaissait de lui davantage les œuvres que l’homme. Cette bande dessinée retrace le parcours d’un écrivain fascinant, professeur émérite à Oxford, mais aussi durablement traumatisé par sa participation au premier conflit mondial. Et l’on devine que la guerre de 14-18 et ses horreurs sanglantes constituent sans aucun doute le moteur de sa saga mythique à la tonalité si sombre, « Le Seigneur des anneaux ».

Tous ceux qui ont apprécié cette œuvre monumentale auront forcément envie de se procurer ce biopic en BD. On apprend pas mal de choses sur l’homme, et les auteurs semblent avoir repris scrupuleusement les éléments et les temps forts de sa vie. Les aficionados de l’écrivain lui en seront certainement reconnaissants, mais une question subsiste à la lecture du récit : quelle est la part « artistique » au sens créatif du terme ?

Il faut bien l’avouer, l’objet comporte les qualités et les défauts de l’ouvrage de commande. Ce n’est pas désagréable, loin de là. Les auteurs n’ont pas oublié les petits clins d’œil discrets à son œuvre emblématique, à commencer par la campagne anglaise de son enfance qui en aura inspiré le cadre et agréablement reproduite par Giancarlo Caracuzzo. Rien ne manque, pas même les extraits de poèmes de l’auteur disséminés çà et là au fil des pages. Et on comprend les traumatismes endurés par Tolkien, ceux de la Première guerre mondiale, au cours de laquelle il aura perdu ses amis les plus chers, qui avaient enflammé les soirées de son club littéraire et poétique. Le scénariste Willy Duraffourg a fourni sans conteste un travail rigoureux, avec une pointe de romance plus que dispensable mais qui parvient à compenser la linéarité de la narration.

« Tolkien – Eclairer les ténèbres » ne parvient donc pas à s’extraire de la masse du genre biographique en vogue dans le neuvième art. En optant pour un académisme bon teint, ce sage hommage échoue à marquer les esprits, tant par la narration que par le dessin, au demeurant de qualité mais qui ne révèle pas chez son auteur un style véritablement propre.