Il Viccolo di Madama Lucrezia
de Prosper Mérimée

critiqué par Veneziano, le 22 février 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'influence fantastique des oeuvres d'art
Après la Vénus d'Ille, Prosper Mérimée récidive avec une nouvelle traitant de l'influence fantastique des oeuvres d'art, détenant des pouvoirs humains. Le titre signifie en italien "La Ruelle de Madame Lucrèce", le lieu de l'action étant la ville de Rome, où a vécu au passage Lucrèce Borgia.
Le narrateur est le fils d'un aristocrate français qui l'envoie à Rome. Le père possède un portrait de jeunesse de la marquise Aldobrandi et recommande son fils auprès de cette dernière. Le visiteur est saisi, à son arrivée, de deux surprises tenant à des oeuvres d'art, les traits ayant conservé la fraicheur de sa jeunesse par la marquise et la forte expression du regard du portrait de Lucrèce qu'elle détient dans son salon, exécuté par Léonard de Vinci. Lors de la visite d'une noble dame germanique, il croit constater que la peinture a effectué un mouvement de paupières, ce qui émeut fortement la visiteuse qui se souvient d'un événement impressionnant dans un cadre similaire.
Aussi le fils de la marquise romaine est-il destiné à la carrière ecclésiastique et se montre-t-il très effacé. Or, son dessein change radicalement de voie, apparemment sous l'influence de ce fameux portrait.

Le poids des superstitions et de la réputation des grandes figures du passé pèse sur l'imaginaire des personnages de cette nouvelle surréaliste. Si elle reste courte, elle n'en procure pas moins une forte impression. Les rebondissements se bousculent, l'analyse psychologique fait mouche, dans un cadre irrationnel teinté d'une forte ironie envers celles et ceux qui si piquent d'influences irraisonnées. C'est assez jouissif. J'en recommande la lecture, d'autant plus que cet écrit est apparemment peu connu. Je l'ignorais personnellement, avant de m'être attaqué aux oeuvres complètes de l'auteur.