Les fils de la poussière
de Arnaldur Indridason

critiqué par Pierrot, le 11 février 2020
(Villeurbanne - 72 ans)


La note:  étoiles
1960.
Résumé :
Daniel, quadragénaire interné dans un hôpital psychiatrique de Reykjavík, se jette par la fenêtre sous les yeux de son frère Palmi. Au même moment, un vieil enseignant, qui a eu Daniel comme élève dans les années 60, meurt dans l’incendie de sa maison.
L’enquête est menée parallèlement par le frère de Daniel, libraire d’occasion, un tendre rongé par la culpabilité, et par une équipe de policiers parmi lesquels apparaît un certain Erlendur, aux côtés du premier de la classe Sigurdur Oli et d’Elinborg. Peu à peu, ils découvrent une triste histoire d’essais pharmaceutiques et génétiques menés sur une classe de cancres des bas quartiers, des gamins avec qui on peut tout se permettre.

Ce premier roman de 1997 est un coup de maitre puisqu’il aborde non seulement l’histoire d’essais pharmaceutiques mais aussi, détail aggravant, de la pédophilie (Qui comme chacun sait, est née avec la viole de gambe au alentour de 1492, dans le quartier du Marais*) connaissant aujourd’hui un regain d’intérêt dans les annales bien connues mais qui bizarrement, l’ignoraient jusqu’alors…comme d’ailleurs le problème du dopage dans le cyclisme avant la descente aux enfers d’un Anglais sur les pentes du Ventoux. Passons.
Il y a tant d’autres romanciers, qui mordent la poussière dans leurs premiers romans, que je me réjouis qu’au pays de Thulé Arnaldur-Indridason ait réussi le sien.

*Humour.
polar bioéthique 10 étoiles

Dans ce tout premier roman de la série des enquêtes du commissaire Erlendur Sveinsson, Arnaldur Indridason flirte avec la science-fiction, plus exactement la dystopie, dans un monde où les lois de la bioéthique sont systématiquement violées au profit d’une vision purement pragmatiste de l’avenir de l’humanité. Tout débute par la mort quasi simultanée d’un vieux professeur de collège, brûlé vif dans le réduit où il vivait en solitaire, et le suicide d’un schizophrène dans un établissement psychiatrique. Deux morts inexpliquées qui vont entraîner notre commissaire, assisté de son équipe (Sigurdur Oli en tête, en contraste total avec son mentor), dans une enquête qui va mettre à jour tout un pan caché de la recherche médicale dans cette bonne société islandaise, si sereine dans sa certitude de toujours œuvrer pour le bien commun. Un roman dur, à déconseiller aux âmes sensibles, d’un auteur qui deviendra célèbre en renouvelant le roman policier pour en faire un outil puissant d’investigation sociologique.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans - 9 mars 2023


1er opus de la série Erlendur 7 étoiles

Premier opus, qui date de 1997, mais tardivement traduit en France (2018).
Première apparition donc du commissaire Erlendur, pas mis en vedette dans ce premier épisode où il apparait en co-vedette avec son collègue Sigurdur Oli (et on y voit aussi, brièvement, Elinborg). A lire ce premier opus et à s’en tenir là, on ne peut comprendre que le héros récurrent qui va se détacher est Erlendur.
On trouve néanmoins dès ce premier roman ce qui fait le charme et l’intérêt des polars d’Arnaldur Indridason, à savoir les considérations sur la société et les moeurs islandaises. On est là à l’époque actuelle (actuelle de 1997 !), disons les années 90, mais les racines du sujet plongent dans les années soixante quand Daniel était un adolescent étudiant.
Le dénommé Daniel commence mal l’entame du roman puisque dès les premières pages, on assiste à sa défenestration volontaire depuis l’hôpital psychiatrique où il est interné. Défenestration sous les yeux de son frère Palmi venu lui rendre visite.

»De loin, le bâtiment ressemblait à une prison. Il n’avait été ni rénové ni entretenu depuis des années. On avait procédé à des coupes claires dans le système de santé, ces réductions budgétaires retombaient toujours sur les hôpitaux comme celui-là. Une lumière jaunâtre filtrait à travers chaque fenêtre, éclairant la nuit noire de l’hiver. C’était un mois de janvier glacial, l’imposante bâtisse semblait grelotter, isolée au bord de la mer, au milieu de son grand parc sombre planté d’arbres.
Palmi quitta l’abribus pour aller vers l’hôpital et remarqua que le nombre de barreaux aux fenêtres avait encore augmenté …/…
Il franchit une petite porte menant directement au couloir qui faisait office de zone fumeurs pour les patients. Ce n’était pas l’entrée principale mais elle était tout proche de la chambre de son frère. Il comprit immédiatement qu’il y avait un problème … »


Quasi simultanément un vieil homme qui se révèlera plus tard avoir été un enseignant de Daniel meurt dans l’incendie de sa maison, un incendie pas franchement accidentel !
Voilà deux enquêtes auxquelles vont s’atteler Erlendur et ses collègues avant de s’apercevoir qu’elles ont un point commun. Le point commun c’est bien sûr Daniel et le fait qu’il ait fait partie de classes « spéciales », réservés aux cancres ou enfants miséreux dans les années 60 et où des choses pas très nettes se déroulaient.
Poussée par Palmi, le frère de Daniel, qui culpabilise de n’avoir pas suffisamment pris soin de son frère, la section Criminelle à laquelle appartiennent Erlendur et Oli fait le job, le lien, entre les deux enquêtes, et permet de comprendre les tenants et aboutissants de cette navrante histoire qui fait la part belle à la fois à la délinquance médicale et pharmaceutique et à la pédophilie.
Un épisode déjà très crédible et qui finalement lancera la saga Erlendur, sans qu’on devine que ce commissaire Erlendur attirera toute la lumière dans les suites à venir.

Tistou - - 67 ans - 18 janvier 2022


Les prémices d'une très bonne série. 8 étoiles

Ce n'est qu'après avoir commencé par ce que je pensais être le premier tome de la série, à savoir "La cité des jarres", que j'ai pris connaissance qu'il y avait deux épisodes antérieurs. Celui-ci est donc le véritable premier épisode, mais ne pas avoir respecté l'ordre ne m'a pas gêné, car la vie d'Erlendur ou encore celle de Sigurdur Oli ne sont que très partiellement abordées.

Cette toute première enquête donc, se révèle prenante rapidement, et nous plonge dans une Islande pas aussi idyllique que l'on pourrait le croire, et qui souffre des mêmes maux sociétaux que d'autres pays dits développés.

Le sujet principal qui se dévoile peu à peu n'apparaît pas des plus originaux, mais il il faut prendre en compte que ce livre a été publié en 1997.

Le talent d'écriture d'Indridason, le rythme qu'il imprime à son enquête et la galerie de personnages crédibles qu'il propose, permet de découvrir les prémices d'une saga fort appréciable et dont le succès me semble mérité.

Ayor - - 51 ans - 24 octobre 2021


D'une banalité déconcertante. 3 étoiles

Ce n'est pas parce qu'il y a actuellement une sorte d’engouement sur les auteurs de polars qui nous viennent du froid qu'ils tous nécessairement à la hauteur.
L'intrigue de base est la recherche pharmaceutique et ses expériences. Expériences qui peuvent dégénérées en test d'immortalité (j'en dirai pas plus pour ne pas trop déflorer le roman) dans les mains d'un fou narcissique. Vient se greffer sur cette intrigue une histoire de pédophilie mais qui ne sert que de prétexte pour acheter le silence.
Que l'on laisse les romans policiers sur l'environnement médical et ses dérives à des auteurs comme Robin Cook, au moins c'est vraisemblable lorsqu'il parle de la génétique. Des films sortis bien avant 1997 mettaient déjà en scène l'intrigue du roman.
L'enquête est menée en parallèle entre deux policiers et deux personnes affectées directement par l'intrigue. Donc des redondances inutiles.

Résultat: 0,5 étoile car c'est pas possible de donner moins + 1 étoile car je suis passé par les différentes villes et villages dont on parle dans le livre et c'est toujours agréable car l'Islande est un pays merveilleux et les gens le sont tout autant.

Conclusion: préférez un voyage en Islande plutôt que l'achat du livre. Evidemment, le budget est différent mais vous pouvez déjà économiser +/- 8€ en n'achetant pas le livre.

Usdyc - Bruxelles - 67 ans - 11 juin 2020