Voyage au bout de ma chambre
de Tibor Fischer

critiqué par Jeparo, le 17 juillet 2004
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
au bout de l'ennui aussi
Qu'est-ce que Tibor Fischer avait en tête en écrivant ce roman? Cette histoire que d'aucuns décrivent comme désopilante, hilarante et j'en passe, est une succession d'anecdotes qui mettent en scène une dizaine de personnages qui, pour les uns travaillent dans le spectacle porno, pour les autres sont des durs à cuire "oeuvrant" dans les affrontements virils et guerriers.
Le début du roman se déroule à Londres, on y découvre Océane, le personnage principal, qui ne sort pratiquement plus de chez elle et qui se raconte par touches mélangeant présent et autobiographie. Cette première partie regorge de quelques bonnes idées qui font sourire et on se dit qu'on va passer un bon moment avec ce roman d'allure comique mais pas si léger.
Sauf que le meileur est là, derrière nous, dans ces cinquante premières pages! Ensuite , c'est la déconfiture. Une boîte porno à Barcelone sert de décor à une deuxième partie fastidieuse, lassante tant elle se veut drôle à chaque ligne, avec un cynisme sous-jacent qui finit par écoeurer. Enfilades de récits énormes, à l'imagination débridée : une baleine qui explose, quelques cadavres dans une piscine...
La suite qui a pour théâtre la Yougoslavie en pleine guerre a achevé de couler mon intérêt pour ce roman "comique", parcouru de grosse ficelles éculées qui "gonflent " le texte avec vraiment pas grand chose.
Océane s'avère un personnage sans nuance aucune dans le jugement, bien carrée, pas attachante pour un sou (sinon dans les 50 premières pages) et seul le dernier paragraphe a du sens à mes yeux. De là à sauver l'"oeuvre"...
Fischer a pourtant du renom, il fait partie du jury du Booker Prize et peut-être ce roman-ci n'est-il pas représentatif de son talent? Je serais curieux de lire d'autres avis. En tout cas la comparaison avec Jonathan Coe (mais où donc ai-je lu ça?) ne tient absolument pas la route.
(Ceci dit, l'humour en littérature ne gagne pas souvent grâce à mes yeux, je me souviens d'un Kate Atkinson sous-titré "roman comique" qui m'a surtout tiré un ouf de soulagement quand je l'ai refermé... Tout le monde n'atteint pas John Kennedy Toole)