Des jours comme ça
de Pascal Samain

critiqué par Débézed, le 23 janvier 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Traité pessimiste
Il y a des jours comme ça où le facteur dépose dans la boîte aux lettres un petit paquet contenant un petit livre qui se niche facilement dans une poche les jours où l’on part à l’aventure dans le bus, le tram, le train et même l’avion. Il y eut un jour comme ça où le petit paquet contenait un recueil d’aphorismes de Pascal Samain, il y racontait sa vie, ses humeurs, ses tracas, ses aigreurs, mais surtout la bêtise, la méchanceté, la stupidité, l’âpreté au gain et moult autres travers encore de notre société puérile et décadente. C’est tout un art de loger tant de travers dans de si courts aphorismes, un art que Pascal Samain a développé autour de sa formule fétiche, « Il y a des jours comme ça » qui introduit chacun des trois-cent-soixante-cinq aphorismes, je ne les ai pas comptés, c’est lui qui dit qu’il en a écrit cette quantité, qui forment l’esquisse d’un essai sur l’état de la société francophone au début du XXI° siècle.

Il y a des aphorismes comme ça qui égratignent tous ceux qui ne respectent pas la littérature :

« Il y a des jours comme ça où ce qu’on nomme « le monde littéraire » n’est au final rien d’autre qu’un organisme biologique n’ayant pour unique but que sa propre reproduction ».
« Il y a des jours comme ça où, comme si on vous les offrait avec votre caddie de course, les petites phrases toutes faites, censées ouvrir un champ sémantique sans limite, ne font jamais que couvrir de honte celui qui les prononce ».

Il y a des aphorismes comme ça qui stigmatisent ceux qui devraient porter la bonne parole :

« Il y a des jours comme ça où les journalistes portent des cornes en direct, c’est parce que l’information persiste à leur être infidèle avec un fameux bonheur ».
« Il y a des jours comme ça où les vents font tourner bien plus de girouettes humaines que d’éoliennes. »

Il y a des aphorismes comme ça qui font douter de la réalité et de la crédibilité du monde :

« Il y a des jours comme ça où rien ne se gagne, rien ne se perd, et plus grave sans doute rien ne se transforme ».
« Il y a des jours comme ça où, au réveil, le rêve achevé apparait plus vrai et plus souhaitable que le vrai ».

Il y a des aphorismes come ça qui disent l’angoisse de vivre dans ce monde :

« Il y a des jours comme ça où l’évidence s’impose que la vie s’arrête déjà le jour de la naissance ».
« Il y a des jours comme ça où, sans le dire ça ne va pas, mais où en le disant ça va encore plus mal. »
« Il y a des jours comme ça où la planète Terre n’est même pas celle des singes ».

Je ne savais pas qu’il y avait un auteur comme ça qui me connaissait aussi bien :

« Il y a des jours comme ça où, cet homme-là, bien qu’en bonne forme, n’a aucune envie de faire démarrer la journée, parce que les draps sont si doux. »

Il y a bien un auteur comme ça qui sait dire au moins trois-cent-soixante-cinq choses sur notre monde qui marche de travers. Je vous laisse découvrir les autres.