La Femme et le Sacrifice: D'Antigone à la femme d'à côté
de Anne Dufourmantelle

critiqué par Colen8, le 13 janvier 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Mythe et mystère
Des exemples pris dans la mythologie, parmi les héroïnes de légende ou de roman, servent de grille de lecture psychanalytique à la réalité du sacrifice féminin, tantôt innocemment subi, tantôt cruellement infligé. Iphigénie renonçant à vivre pour satisfaire l’objectif de son père Agamemnon décidé à déclencher la guerre de Troie serait emblématique des jeunes filles anorexiques d’aujourd’hui dans leur refus de s’alimenter. Héloïse, haute figure intellectuelle du Moyen-Âge et éprise à vie d’amour pour Abélard représente avant la lettre ces nombreuses femmes de tête et de pouvoir. Tout comme les artistes ou les créatrices, celles-ci sont susceptibles de déroger à la traditionnelle vie de famille et aux maternités, le seul horizon depuis la nuit des temps de la gent féminine soumise à l’obéissance quand ce n’est pas en même temps à la violence du pouvoir masculin. Avec Marie vierge et mère assistant de loin au sacrifice suprême du Christ, avec Médée la magicienne infanticide vue comme son opposée, les figures d’Antigone, de Cordélia, de l’Amazone, de Jeanne d’Arc rejoignent ce panthéon.
Le questionnement d’Anne Dufourmantelle semble malgré tout décalé au regard de ce qu’enseignent les neurosciences sur le psychisme féminin, dont il reste tant à découvrir. Les circonstances de sa noyade sacrificielle et comme prémonitoire, en portant secours à un enfant sur la plage de Pampelonne, sont mentionnées dans sa biographie Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Dufourmantelle. Etrange coïncidence, le suicide par noyade de Virginia Woolf évoqué dans le dernier chapitre comme acte sacrificiel …