Le Temps des cathédrales
de Georges Duby

critiqué par Veneziano, le 12 janvier 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Du pouvoir de l'Eglise sur l'Occident médiéval
Les XII et XIIIe siècles sont marqués par le caractère féodal-vassilique des sociétés occidental, leur appartenance profonde à la ruralité et à la domination de pouvoir de l'Eglise sur les monarchies et principautés, souvent engagées dans des conflits territoriaux, justement pour asseoir leur influence et revoir à la hausse les conditions des liens qui les lient entre eux.
La ruralité explique l'analphabétisme et le besoin de communiquer par l'image, ce que permet le vitrail et le statuaire. Les querelles féodal-vassaliques renforcent le poids de l'Eglise, seul pouvoir permanent qui arrive à surpasser celui des monarchies et Etats en cours de construction. Seul le Saint-Empire romain germanique concurrence son rayonnement. Les deux s'interrogent sur l'intérêt de l'apport des humanités issues de l'antiquité et de la romanité. Et c'est alors que bien naturellement les cathédrales, les églises des Evèques, deviennent une Bible à livre ouvert destinée aux masses pour qui la messe en latin reste inintelligible.
Avec l'exemple notable de Giotto, il est montré comment l'Eglise devient le principal commanditaire artistique, les illustrations des lieux de culte devenant une activité en plein essor, jusqu'à ce que les guerres saintes, soit les croisades, ne freinent cette expansion pédagogico-culturelle, pour des raisons de financements et de vases communicants. L'Eglise justifie par ce biais une forme de violence, par l'unique forme valable de guerre, et justifie une codification du comportement de la chevalerie, soit le caractère belliqueux, devant s'éloigner de la galanterie, malgré des tendances en la matière. Autoritaire, notamment sous le puissant pape Innocent III, l'Eglise doit également combattre la montée des sectes et hérésies.

Ce livre, à la fois pédagogique et bien écrit, un tantinet déclamatoire en sa forme, passe pour une référence au sein des études en la matière, un passage incontournable, l'auteur représentant l'un des plus grands médiévistes connus, ayant enseigné longtemps à l'université d'Aix-en-Provence puis au collège de France. Son statut ne l'empêche pas de se soucier de clarté et de complétude. Alors que l'époque passe pour austère, rude et livrée au spirituel comme par manie, ce qu'il évoque lui-même, il la rend vivante, en restituant ses dynamiques et enjeux, par un style enjoué, voire parfois grandiloquent.