La Maison fantôme
de Michael Krüger

critiqué par Pucksimberg, le 1 janvier 2020
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un roman qui n'atteint pas son but
Un journaliste allemand doit se rendre à Hambourg afin de couvrir un congrès de bibliothécaires assez peu passionnant à ses yeux, très déçu qu’il ne puisse plus faire des critiques littéraires car cela n’est pas vendeur. En traversant un quartier bourgeois, il reçoit un ballon qui souille sa chemise. La mère du garçon responsable de ce désagrément s’excuse et lui propose son aide pour réparer cela. Et voilà notre personnage entrer dans une belle villa, prendre une douche dans ce lieu, se voir prêter une tenue de rechange … Et puis pourquoi se gêner ! Cette dame a une commission à faire et confie son fils au journaliste, transformé en baby-sitter pour l’occasion. Il apprend qu’un homme Max tourne souvent autour de la demeure afin de la cambrioler et que le grand-père affaibli physiquement est un ancien nazi qui avait fui en Argentine. Le journaliste reste quelque temps dans cette demeure, donnant un coup de main si nécessaire, dormant dans cette demeure …

Tout ceci à cause d’un ballon ! Soit le roman a des ambitions comme celles de Boulgakov, Gogol ou Kafka et dans ce cas le lecteur est en droit de ne pas trop rationaliser et se doit d’accepter certains principes absurdes, soit ce roman est plutôt mal fichu, mal construit. Pourquoi un homme accepterait-il de se doucher chez des inconnus suite à un tel événement banal ? Et puis pourquoi accepter de garder un enfant une soirée alors qu’on se retrouve dans une ville pour autre chose ? Si les faits contenaient de l’absurde le lecteur ne se poserait pas ces questions, là il est légitime de trouver ces enchaînements un peu enfantins … Ou alors le personnage est vraiment naïf, dans ce cas des traits plus appuyés auraient sans doute été appréciés, voire nécessaires.

Le personnage principal tombe dans une spirale qu’il ne maîtrise pas alors qu’il aurait eu des dizaines d’occasions de s’en sortir. La trame et l’organisation du récit sont gênantes. Certains passages sont intéressants et soulèvent des problèmes qui attiseront la curiosité, mais certaines facilités narratives m’ont gêné.

L’écriture ne m’a pas convaincu. On bute sur les mots, sur la logique de la syntaxe et du choix de certains termes au point même que je me suis interrogé sur la qualité de la traduction. Le style m’a posé problème et a rendu ma lecture moins plaisante. Quand on lit certains ouvrages on entend une petite musique qui donne un souffle à l’ouvrage, ici il y a un côté adipeux, rugueux qui ralentit le lecteur.

Le roman se lit pourtant facilement : les chapitres sont courts, un certain suspense est cultivé, les liens entre les sujets qui passionnent le personnage principal et le séjour en Argentine du grand-père nazi sont bien pensés. Le lecteur sourit parfois face à certaines situations et à ce personnage qui accepte tout sans se choquer. Le roman manque tout de même de force et la langue de cet écrivain a été un obstacle.