Fuirfur
de Patrick Boutin

critiqué par Débézed, le 27 décembre 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Double jeu
Pour leur publication du 22 novembre dernier (opus 117), les Editions Lamiroy ont retenu cette nouvelle proposée par Patrick Boutin, elle raconte l’histoire d’un peintre particulièrement talentueux, Furfur, capable de reproduite le plus fidèlement possible n’importe quel visage au point d’effrayer ceux qui lui commande un portrait. Ils le prennent pour le diable en personne possédant le don jeter le trouble et la confusion avec son seul art à la pointe de son pinceau. Comme il fait fuir les acheteurs potentiels, Furfur gagne peu d’argent, il décide alors de peindre son propre portrait pour l’exposer lors d’un salon et d’ainsi faire reconnaître son talent.

Le tableau est une pleine réussite, la ressemblance est confondante. A la manière d’Oscar Wilde, Patrick Boutin donne une tournure fantastique à son récit, progressivement il fait vivre le portrait de son héros qui s’extrait peu à peu de son cadre pour prendre place dans la vie de son modèle et réalisateur. Observant attentivement son auteur, le portrait s’identifie de plus en plus à lui acquérant toutes ses aptitudes et capacités. La confusion devient de plus en plus troublante et interpelle de plus en plus le modèle qui peu à peu voit son œuvre lui échapper et le contraindre à une issue qu’il n’avait pas prévue.

Une belle nouvelle fantastique mettant en scène le jeu de double, écrite dans un vocabulaire riche, chargé de nombreux mots rares, savants, recherchés, qui évoque Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde sans pourtant l’imiter.