Jusqu'à ce que ta mort nous sépare
de Amanda Reynolds

critiqué par Krysaline, le 17 décembre 2019
(Paris - 58 ans)


La note:  étoiles
Thriller psychologique savamment mené
Terrific !... Dirait-on en anglais ; c'est-à-dire formidable ! Donc sans s’enthousiasmer outre mesure non plus, j’avoue que ce thriller psychologique a été habilement mené.

D'abord, une mention spéciale pour la couverture très élégante, esthétique et évocatrice. Elle résume bien l’ensemble du roman. Une femme de dos, le haut d’un escalier et le titre « jusqu’à ce que TA mort nous sépare » écrit à l’intérieur de la silhouette de la femme…. Tout un programme !

Après, on retrouve, cette femme à l’hôpital… elle a atterri violemment au pied de ce fameux escalier on ne sait encore comment. Elle en ressort avec beaucoup de contusions et surtout une mémoire complètement fragmentée.

Elle trouve son mari « aux petits soins » pour elle, mais elle a une impression étrange sans pouvoir cerner le pourquoi. D’ailleurs très vite, sa vigilance tourne à l’omniprésence qui créée une ambiance étouffante et pesante à souhait. Mais pas que lui…

Même ses enfants lui paraissent « louches ». Ils ont l’air de réciter une leçon apprise par cœur, attendant des directives de leur père. Jo ne comprend pas leur attitude. Mais elle a beau se torturer les méninges, rien, rien ne vient. Ça reste « tapi » dans sa mémoire, à portée de mots mais, non, elle ne se souvient pas.

Après, on n’échappe pas au stéréotype de la famille parfaite, que s’efforce de donner le mari. Mais derrière ce bonheur sans nuages se devinent des fêlures, des imperfections, des non-dits.

Alors, après le premier tiers du livre, on a l’impression de faire faire du « sur place » due à l’amnésie partielle de Jo où l’on ressent ses hésitations, ses craintes, ses interrogations. On suit pas à pas les méandres capricieux de sa mémoire. Ce sentiment de « tourner en rond » à ressasser sans arrêts les mêmes doutes, les mêmes questions aurait pu être fastidieux et ennuyeux, mais il fait partie de la « mise en scène » du thriller je pense. C’est voulu pour retranscrire et amplifier l’effet de vertige et d’angoisse ressenti par Jo.

Elle cherche la lumière alors que le soleil n’arrive pas à percer et déchirer les ténèbres. Tout reste flou, à portée de souvenirs pourtant puis lointains tout à coup. Quelques-uns trouveront que cela constitue des longueurs alors qu'à mon sens, ça retranscrit seulement le côté obsessionnel du ressenti de Jo.

Elle redécouvre sa vie lentement ou par de brusques « à-coups », des sauts de puces ou des pas de géant; d’autres personnages vont venir en appoint de l’histoire, tous plus troubles et inquiétants les uns que les autres. Elle ne comprend pas non plus l’attitude de ceux qui se disent ses « ami(e)s ».

Toutes ses rencontres lui apparaissent comme décalées, pas à leur place. Elle ne peut se départir de cette impression de « bizarrerie » et va finir même par se remettre en question elle-même, faire de l’auto-soupçon…

Pour la compréhension de l’histoire, on a une alternance de temps avant la chute et après. « L’avant » s’égrène doucement vers l’accident et « l’après » remonte le fils des souvenirs épars jusqu’à l’accident. Il y aura la jonction, le moment ou l’avant rejoindra l’après : la rencontre de tous les dangers ! Un an sépare ces deux temporalités.

J’ai beaucoup aimé ce suspense larvé, cette lenteur simulée, ce cheminement tortueux vers la vérité. Petit twist final bienvenu, c’est pour moi une belle découverte.

J’en remercie les Éditions Fayard/Mazarine et la plateforme NetGalley France. C’est le premier roman de l’auteur a être traduit en français. D’autres ont été édités en Grande-Bretagne. J’espère qu’ils seront rapidement disponibles dans l’Hexagone, car je vais suivre son parcours.