Bad blood
de John Carreyrou

critiqué par Colen8, le 13 décembre 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Bluff, fraude et corruption pour tenter le jackpot !
Âgée de 19 ans en 2004, Elisabeth Holmes abandonne un brillant cursus à Stanford pour monter une entreprise de diagnostic biomédical sur l’idée innovante d’un automate miniaturisé à utiliser chez soi. La prise de sang capillaire en micro-doses rendrait inutile les seringues de prélèvements veineux sources de stress pour des millions de patients. Intelligente, extravertie et charismatique, se prenant pour le Steve Jobs féminin de sa génération, elle parvient à inviter de grands noms de l’establishment à rejoindre son conseil d’administration, à convaincre des investisseurs connus à participer à ses tours de table financiers, à recruter des collaborateurs chevronnés issus de quelques-uns des succès connus de la Silicon Valley. Ce sont donc les onze ans d’une start-up qui finit en scandale sanitaire et financier après avoir fait la une du Wall Street Journal en septembre 2015. Ils constituent un récit écrit comme un thriller minutieusement reconstitué par John Carreyrou en dépit des obstructions à son enquête.
Les résultats souvent faux des premiers tests sanguins conduisent au fil des ans à une dérive du projet dont les objectifs sont sans cesse modifiés. Parallèlement le caractère obstinément paranoïaque de la jeune créatrice et de son compagnon associé, leur obsession du secret, sont à l’origine d’un turnover calamiteux pour l’avancement des recherches et d’une ambiance délétère dans l’entreprise. Ces deux dirigeants réussissent à masquer les retards de développement, les résultats erratiques des analyses, le manque de fiabilité des appareils y compris aux instances de régulation, à intimider derrière des procès à répétition celles et ceux s’opposant à leurs vues, à licencier manu militari les collaborateurs pour atteinte supposée plus que réelle à leurs engagements de loyauté et de confidentialité.
Que tant de décideurs prestigieux se soient laissé abuser pendant si longtemps par cette jeune femme au visage d’ange reste un mystère ? Ou n’est-ce que la révélation de certaines pratiques du secteur des hautes technologies ? Cette histoire aboutissant à la mise en danger d’autrui, a commencé avant l’invention du smartphone de Steve Jobs, alors que Facebook et les autres réseaux sociaux n’en étaient encore qu’à leurs balbutiements. Quand le pot aux roses est découvert la société Theranos se trouve valorisée à 9 milliards de dollars, dont 50% reviennent à la créatrice. Depuis lors Holmes a été interdite d’exercer dans le domaine de la santé. Sous le coup d’une enquête criminelle du FBI, elle doit répondre à des recours collectifs au civil en plus d’innombrables plaintes.
Pour en savoir plus :
https://capital.fr/economie-politique/…
https://elle.fr/Societe/News/…