American War
de Omar El Akkad

critiqué par Septularisen, le 10 novembre 2019
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
LA NOUVELLE GUERRE DE SÉCESSION.
Au début de ce récit de SF nous sommes en avril 2075, en Louisiane... Une nouvelle guerre de Sécession a éclaté aux États-Unis en 2074, opposant encore une fois les anciens états du Nord et ceux du Sud sécessionnistes. Cette fois-ci le motif de la guerre est l'exploitation et le contrôle des énergies fossiles, auxquels les états du Sud s’opposent.

Nous faisons la connaissance de Sara T. Chestnut, qui a 6 ans et vit avec sa famille en Floride. Elle a un grand frère Simon et une sœur jumelle Dana. Son mari ayant été tué, Martina, la mère de Sarat (la jeune fille se faisant appeler comme cela) décide de partir, emmenant ses enfants dans un camp (le bien nommé Camp «Patience») situé dans la zone neutre.

La situation va bien sûr s'éterniser et 6 ans après, Sarat vit toujours là. Sa vie morne et monotone prend soudain un nouveau tournant, quand, suite à une grosse bêtise, elle va faire la connaissance d’Albert Gaines, un mystérieux homme très influent au camp de réfugiés. Celui-ci la prend sous sa protection et va devenir son professeur et mentor.

Après le massacre des civils du Camp Patience par les milices du Nord en juillet 2081, Sarat, qui a perdu sa mère et a retrouvé son frère grièvement blessé (elle-même et sa sœur jumelle ont échappé miraculeusement à la mort), ne rêve plus que de révolte et de vengeance. Au fil du temps, Gaines va transformer la jeune fille, la façonner en une véritable machine de guerre, féroce, insaisissable, inarrêtable, impitoyable…

Que dire sur ce livre? C’est facile à lire et prenant, je ne peux pas le nier. Mais l’histoire est très lente et très linéaire, et on voit la suite se profiler de très loin. Il ne se passe pas grand-chose pendant tout le livre, pour ne pas dire rien du tout! Il y a beaucoup de longueurs (surtout dans la dernière partie…) et des digressions complètement inutiles, dont on ne comprend pas trop ce qu'elles viennent faire là et leur intérêt, si ce n'est d'ajouter des pages aux pages...
Le style par contre est un peu quelconque, mais bon, on pardonnera aisément à l'auteur, quand on sait que c'est son premier livre, et qu'il est encore très jeune!

Mon plus grand reproche réside dans le fait que toute l’histoire n’est pas très crédible, même pour de la SF, même pour une dystopie. On croirait presque que l’auteur est un peu resté «bloqué» des grands clichés de la Guerre de Sécession.
En effet, nous sommes censés être 2074 (au début de l’histoire en tous les cas…) et si certaines inventions de l’auteur sont intéressantes, - comme p. ex. l’Empire Bouazizi qui regroupe maintenant tous les pays du continent Africain, ou encore l’émigration qui a changé «de sens», puisque ce sont maintenant les européens qui se rendent en Afrique pour y chercher refuge et travail -, le côté "anticipation" est très peu et très mal exploité.
Les armées se battent encore avec de simples fusils, des tanks et des drones? Où est donc l’évolution technologique qui aurait dû arriver? Les réfugiés vivent encore sous des simples tentes, ou dans des containers de bateau? Il n’y a pas de blocus des ports du Sud? Alors que c’est pourtant ce qui a permis au Nord de gagner la Guerre de Sécession?...

Enfin, quelques erreurs temporelles ont fini de me «détourner» définitivement de ce livre. Pg 214-215 p. ex. si Joe et Gaines ont 20 ans en 2021, comment Gaines peut-il avoir 60 ans en 2081? Et comment Joe a juste «bien vieilli» (Pg. 462) en 2093? Alors qu’il est censé avoir… 92 ans!

Je finis le livre avec un avis plus que mitigé. On ne s’attache jamais vraiment au personnage principal et d’ailleurs l’auteur ne fait rien pour nous rendre Sarat sympathique, mais peut-être, vu la fin du livre (non n’insistez pas je ne vous la raconterai pas…), est-ce justement l’effet recherché? Mais surtout, on n’arrive pas un seul instant à croire à l’histoire que Omar El AKKAD (*1982) nous raconte.