Lettres
de Gertrud Kolmar

critiqué par Sahkti, le 6 juillet 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Lettres d'Auschwitz
Gertrud Kolmar, née Chodziesner, voit le jour en 1894, dans une grande famille allemande bourgeoise juive. Cultivée et érudite, ses compétences linguistiques lui valent un poste d’officier au service de la censure des prisonniers de guerre pendant le premier conflit mondial. Toutes les lettres passent entre ces mains.
A la fin de la guerre, Gertrud devient préceptrice. Mais les années d’horreur font à nouveau surface. Gertrud reste en Allemagne, ne voulant y abandonner son père, tandis que ses frères et sœurs, partent, notamment Hilde sa sœur cadette, sa sœur qui a fui le pays pour la Suisse. Les deux femmes s’échangeront de nombreuses lettres témoignant de la force de caractère de Gertrud. Jusqu’au dernier moment, cette femme conservera force et espoir, jamais elle n’abandonnera son combat pour une ouverture de l’esprit. Mélange de prose et de poésie, cette correspondance apporte également un regard bouleversant sur la conception artistique chère à Gertrud Kolmar, cette vision de tolérance et d’ouverture qu’elle aurait tant aimé voir appliquer à tous les domaines de la pensée, en particulier la politique.
Gertrud Kolmar est déportée à Auschwitz en février 1943 (son père l’a été en septembre 1942). Même là, elle estime qu’il est encore possible de construire quelque chose. Impressionnant. Quelle leçon. Gertrud, malgré la vie misérable due au travail forcé et aux conditions de détention, continue à écrire, à aligner des mots resplendissants. Car créer, pour elle, est le plus beau des cadeaux.
"Ce qui a été était beau, et ne pourra plus jamais perdre son éclat ni sa force dans le quotidien de la vie."
Ces lettres sont bouleversantes, reflet de la vie dans les camps, de la force d’une femme, de son courage et de ses espoirs. Témoignage aussi de l’œuvre poétique de Gertrud Kolmar que son beau-frère conservera précieusement, comme un cadeau à la postérité.