Le Spirou d'Emile Bravo - tome 3 - Spirou l'espoir malgré tout (Deuxième partie)
de Émile Bravo

critiqué par Le rat des champs, le 19 octobre 2019
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Encore un chef d'oeuvre d'Emile Bravo
Jusqu'où ira donc cet extraordinaire auteur? Cet album va loin, très loin dans la finesse, l'intelligence, l'émotion, l'humanisme, et tout ça, s'il vous plait avec le magnifique dessin rétro d'Emile Bravo. Cet album plus encore que les précédents, est dur, sombre, et rend fidèlement compte de ces années de plomb, avec les rafles des Juifs, la misère, la faim, le marché noir, les Belges qui collaborent avec l'ennemi, l'antisémitisme plus ou moins larvé de la population, la caserne Dossin à Malines, d'où partent des trains vers un village polonais nommé Auschwitz, où selon la propagande allemande il n'y a rien d'autre qu'un camp de travail.
Spirou n'a pas changé, son coeur reste pur malgré cette époque de fer. Il ne cesse de penser à Kassandra dont il était tombé amoureux, et lorsqu'il apprend qu'elle est dans un camp, bien loin vers l'Est, il rêve d'aller la délivrer. Toujours en compagnie de Fantasio, il tente de survivre comme il peut, en organisant des séances de spectacle de marionnettes. Les personnages secondaires sont d'une justesse psychologique impressionnante. Ainsi, les frères des écoles chrétiennes, André et Philippe, représentent-ils les deux types de réaction du clergé de l'époque, celui de droite qui sympathise avec l'occupant, et l'autre, l'humaniste, l'éclairé, qui compatit avec les victimes et tente par tous les moyens d'adoucir leur sort.
La tragédie s'amplifie, et on comprend bien évidemment que le troisième album de cette tétralogie sera plus dur encore, et qu'une partie importante se déroulera à Auschwitz, mais je suis sûr que l'auteur a la carrure, le talent, l'intelligence et l’humanisme nécessaires pour remporter brillamment cette gageure.
Immense respect et admiration à ce grand auteur. Cinq étoiles, évidemment, et dommage qu'on ne puisse pas en mettre davantage.