Pechkoff, le manchot magnifique
de Guillemette de Sairigné

critiqué par Tanneguy, le 7 octobre 2019
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Un destin extraordinaire
A la fin des années 1900, à Nijni-Novgorod, naît Zinovi Sverdlov, l'aîné d'une fratrie qui comprend aussi Youri qui s'illustrera plus tard comme proche collaborateur de Lénine et l'artisan de l'assassinat de la famille impériale en 1918. Zinovi ne souhaite pas s'intégrer à une famille juive modeste où les perspectives sont forcément limitées: Il se rapprochera de Gorki, illustre écrivain russe déjà à cette époque (Nijni-Novgorod, troisième grande ville du pays fut rebaptisée Gorki pendant la période soviétique). Il se convertit à la religion orthodoxe, se fait baptiser en demandant à Gorki d'être son parrain, ce dernier acceptera et ce parrainage sera considéré par les deux intéressés comme une véritable adoption ; Zinovi Sverdlov devient Zinovi Pechkoff, le patronyme de Gorki et oubliera sa famille biologique.

Le parcours de Zinovi commence avec un séjour au Canada, financé par Gorki, qui lui permet un premier contact avec le continent américain. Il est rattrapé par le début de la première guerre mondiale, il veut s'engager mais pas chez les Russes (service militaire...), on l'accepte à la Légion Étrangère qui sera dès lors sa famille (sur sa pierre tombale figure simplement "Légionnaire"...). Grièvement blessé il est admis à l’ambulance américaine (hôpital américain de Neuilly) où il est amputé du bras droit jusqu'à l'épaule mais il ne reste pas abattu et reste actif en acceptant des "missions" successives à la demande des autorités militaires ; en Italie pour ranimer les ardeurs défaillantes, puis aux USA pour prêcher l'entrée en guerre des Américains. Il fait des conférences, est acclamé, il étonne. Ce sera un peu la même chose toute sa vie. Il tisse progressivement des liens étroits avec des personnages haut placés qu'il retrouvera plus tard.

L'auteur nous promène tout au long de ce parcours qui le mènera jusqu'aux plus hautes marches, général de corps d'armées nommé par le général De Gaulle décoré de la grand-croix de la Légion d'Honneur, Ambassadeur de France (il restera quatre ans en poste en face du général Mac Arthur qui deviendra un ami fidèle... On ne peut pas citer tous les faits d'armes du personnages qui collectionne en parallèle les succès féminins, le dernier en date étant Edmonde Charles-Roux, quelque temps avant sa mort;une belle santé malgré son bras en moins !

Malgré quelques longueurs et des imprécisions ce livre de 600 pages se lit d'une traite et avec plaisir. La documentation parait sérieuse (lettres privées et archives, témoignages personnels). On a l'impression que G. de Sairigné y a pris du plaisir, il est vrai que Pechkoff fut un des derniers visiteurs de son père chef d'unité de la Légion mort quelques jours plus tard au combat alors qu'elle n'était âgée que de neuf mois