Mélodie de Vienne
de Ernst Lothar

critiqué par Romur, le 14 septembre 2019
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
Un anti-Zweig ? Un anti-Sissi !
Comme S Zweig, Ernst Lothar a connu l’effondrement de l’Autriche-Hongrie, puis l’annexion de l’Autriche par les nazis. Mais là où Zweig sombre dans le désespoir, Lothar puise la force pour écrire un hymne à sa patrie à travers le roman d'une maison : l’immeuble du n°10 de la Seilerstätte qui abrite la famille Alt avec ses différentes générations et ramifications.
Dans cette famille bourgeoise qui calque son mode de vie sur la haute société viennoise avec ses fêtes et manifestations culturelles et qui au gré des mariages ressemble un peu à l’Autriche-Hongrie avec ses différentes nationalités, Franz Alt va semer le trouble en épousant la très indépendante Henriette Stein. Extraordinaire personnage de femme dont l’insouciance apparente et l’insolence délicate masquent des chagrins secrets. Comment peut-elle garder sa force de vivre dans cette maison étouffante ? Autre personnage clé de ce roman fleuve, son fils Hans romantique et généreux, amoureux de son pays, auquel la famille et l’époque ne font pas de cadeaux.
Car les drames personnels font échos aux événements historiques : suicide de l’héritier du trône à Mayerling, tensions nationalistes, assassinat de l’archiduc à Sarajevo, défaite de 1918, mouvements ouvriers révolutionnaires, montée du nazisme.
Un livre passionnant, tant pour sa dimension romanesque avec de beaux personnages que pour que le témoignage historique très documenté et détaillé, loin des images kitschs.
Splendeur et décadence d'un empire 8 étoiles

Saga d'une vieille famille viennoise de l'empire austro-hongrois jusqu'à l'arrivée des nazis avec l'Anschluss d'Hitler, voilà résumé le thème du livre d'Ernst LOTHAR.

Cette vie bourgeoise se déroule dans un grand immeuble, là où loge toute la famille des Alt qui sont fabricants de pianos et les fournisseurs attitrés de l'empereur.

Comme premier rôle, Henriette, Juive par son père, maîtresse du fils Rodolphe (Mayerling) de l'empereur autrichien mais ne déflorons pas le sujet. Un autre "premier rôle" est joué par Hans, le fils qui rencontrera Hitler à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne, reviendra de la Première Guerre mondiale, …

C'est l'occasion pour l'auteur de retracer avec amertume l'histoire de l'empire autrichien de François-Joseph jusqu'à sa fin avec le Traité de Saint-Germain en y retraçant les faits marquants (Mayerling, la fin de l'empire, le meurtre de Dollfuss et l'arrivée d'Hitler).

Parfois quelques longueurs mais globalement une lecture agréable.

Une manchette indiquait que ce roman était un nouveau Downtown Abbey, je ne le crois pas. L'histoire est intéressante car elle se passe dans un contexte politique et historique passionnant.

Odile93 - Epinay sur Seine - 69 ans - 17 novembre 2020