Le cœur de l'Angleterre
de Jonathan Coe

critiqué par Patman, le 9 septembre 2019
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
et de trois !
Vous avez aimé "Bienvenue au Club" et "Le Cercle fermé" ? ...alors celui-ci est pour vous !
Le diptyque est donc devenu triptyque puisque ce "Coeur de l'Angleterre" n'est autre qu'une suite des deux précédents. On retrouve Benjamin Trotter et sa soeur Loïs, Doug, le meilleur copain, Paul le frère arriviste et détesté dans cette région de Birmingham si bien décrite par Jonathan Coe. Nous sommes maintenant en 2011... nos héros ont vieilli, l'Angleterre change. Pour la première fois de son Histoire, un gouvernement de coalition s'installe au pouvoir, Londres va accueillir les Jeux Olympiques et l'ombre du Brexit commence à poindre... Comme vous vous en doutez voici bien des sujets de conversations et de crispations pour nos protagonistes et c'est avec maestria une fois de plus que Coe nous entraîne dans les méandres des pensées pas toujours tendres de ses personnages. Un très bon livre pour découvrir l'évolution de ce pays à la fois si proche et si lointain de nous.
Je précise qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu les deux précédents pour lire celui-ci, c'est le sujet qui importe plus que les personnages, mais c'est un plus pour voir leur évolution depuis les ados de "Bienvenue au Club" (fin des Seventies et l'ère Thatcher) et les quadras du "Cercle fermé" ( l'an 2000 et les années Tony Blair).
Moi en tout cas, je me suis régalé encore une fois !
Un peu déçu 7 étoiles

Dire que j’attendais ce roman avec impatience est un euphémisme tant son attente fut longue et surtout inespérée. Il est vrai que Bienvenue au club et Le Cercle fermé, ses prédécesseurs, étaient excellents.
Le roman fut-il à la hauteur de l’espérance suscitée ? Oui et non. Tout d’abord il fut difficile de resituer les personnages principaux. Un résumé des tomes précédents aurait été plus que bienvenu. Vingt années se sont écoulées entre le premier tome du Rotter’s Club et ce dernier. Il fut difficile, pour ne pas dire quasi impossible, de se remémorer les précédents tomes et ainsi mieux ancrer la nouvelle histoire dans mon imagination. Dommage, cela aurait été vraiment bénéfique pour savourer à sa juste valeur cette lecture.
A l’image de l’œuvre de Jonathan Coe, le Cœur de l’Angleterre est un roman intéressant de par son analyse sur notre voisine préférée : la perfide Albion. L’introduction de nouveaux personnages apporte un réel plus et permet un certain rajeunissement du récit. Cela rend le Cœur de l’Angleterre fidèle et proche du vécu des anglais durant cette période de fracture sociale que fut le Brexit.
Néanmoins et malgré d’indéniables qualités je n’ai pas été séduit plus que cela. Cela fait un bon mois que je suis passé à autre chose et il n’en reste déjà plus grande trace ce qui est assez révélateur.
Ce « Coe » se lit facilement, l’histoire est assez prenante mais manque un peu de rythme. J’ai également trouvé certains personnages assez caricaturaux, trop manichéens.
Bref pas mal mais pas non plus le meilleur des J. Coe.

Sundernono - Nice - 40 ans - 8 septembre 2021


Le Brexit de J Coe 8 étoiles

A travers une famille et un réseau d’amis, Jonathan Coe nous fait plonger dans la société anglaise, des cercles du pouvoir déconnectés de la réalité aux immigrés qui vivent de petits boulots, des jeunes ados révoltés aux retraités inquiets, des émeutes de Londres en 2011 au vote du Brexit en passant par la fièvre joyeuse des JO de 2012.
Avec beaucoup d’humanité, il démonte les ressorts psychologiques et les motivations individuelles et collectives, de chacun de ses héros et des différentes catégories sociales. Au niveau individuel, il sait rendre avec nuance ce que chacun porte en lui de contradictions, d’incohérence, d’irrationalité et tous les malaises, les non-dits, les silences qui altèrent les relations. Au niveau collectif, Jonathan Coe arrive à traiter d’une actualité brûlante en gardant ses distances, sans vraiment prendre position ou porter de jugement (sauf sur les politiques qui en prennent pour leur grade), mais avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence, et un brin de nostalgie.
Dans cet exercice, il est bien sûr aidé par son humour, avec des scènes d’anthologies comme le club de golf, le comité de relecture du roman de Benjamin ou une scène torride dans un dressing.
A lire absolument

Romur - Viroflay - 50 ans - 4 mars 2020


Drôle et sombre 9 étoiles

Nous plongeons dans la « Merry old England » , avec ses terrains de golf , ses pubs campagnards où il fait bon se retrouver entre amis , ses rivières , son patrimoine historique , ses manières policées , sa vie sociale bien huilée. Cette campagne est aussi sillonnée d'autoroutes , et mitée de friches industrielles et de centres commerciaux. Il y a aussi en contrepoint Londres , immense ruche cosmopolite , Oxford et ses collèges où dans les années soixante-dix des jeunes gens en majorité bien nés ont noué leurs relations , se sont exercés à des jeux politiques qu'ils ont parfois poursuivis dans la vie réelle , au vrai pouvoir et souvent avec le même dilettantisme . Ce qui se déroule politiquement , nous le connaissons tous puisque le feuilleton pré et post référendaire du Brexit alimente les informations , ici et surtout là bas jusqu'à la nausée depuis plusieurs années. Tout l'intérêt est d'en vivre la genèse au sein de la famille Trotter et de ses proches . Les rebondissements entraînent les personnages comme dans un jeu de billard à bandes multiples et nous sommes tenus en haleine. Surtout l'ironie, l'humour sont toujours présents. Malgré cet humour , la tonalité est de plus en plus sombre , avec l'assassinat de la jeune députée Joe Cox puis quand les étrangers commencent à raser les murs devant des déferlements de xénophobie qui ne sont plus inhibés. La défense des minorités s'accompagne aussi parfois de chasse aux sorcières incontrôlables sur les réseaux sociaux contre les auteurs coupables ou non de discrimination. Si une grande partie de l'Establishment n'a pas cru au Brexit et l'a subi , Jonathan Coe nous montre qu'une petite minorité en son sein l'a exploité cyniquement , n'hésitant pas à propager la haine dans les tabloïds tels que le Daily Mail afin , à terme , de poursuivre un projet économique ultra libéral
Les causes du monstre qui grandit insidieusement au milieu de cette société sont plus forts que dans notre pays , mais nous ne sont pas totalement étrangers . La différence c'est qu'après avoir été au bord du précipice, la société ,britannique , (ou plutôt anglaise et galloise) a franchi un grand pas en avant.

Nav33 - - 76 ans - 21 décembre 2019


Jonathan Coe, toujours aussi bon 9 étoiles

Les amateurs de Jonathan Coe se doivent de lire ce livre dont le sujet est essentiellement le Brexit au plus vite. On retrouve la belle plume de Coe, son sens de l'humour et son talent pour raconter une histoire. Certains passages sont vraiment formidables, par exemple la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques à Londres, vécue par les différents protagonistes ! Un régal.

Il y a surtout une réflexion fort intéressante sur la manière dont son pays, l'Angleterre (si proche et à la fois lointaine comme dis Patman) a pu se diviser au sujet du Brexit. On voit les travers aussi bien des progressistes que ceux de la population plus exposée socialement à la précarité et la profonde incompréhension entre les deux.

Un grand bonheur de lecture qui nous permet de mieux comprendre cette histoire de Brexit ! Un vrai régal.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 14 octobre 2019