Maiba
de Russell Soaba

critiqué par Débézed, le 19 août 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Les charlatans contre les sages
Russell Soaba est un auteur désormais étudié dans les universités anglophones, il est originaire de la Papouasie Nouvelle Guinée. Cet ouvrage est le premier livre de ce pays traduit en français, l’excellente maison d’édition tahitienne Au vent des îles l’a publié en 2016, l’original ayant été édité en 1979. Ce texte est un roman qui raconte l’histoire de la Papouasie Nouvelle Guinée à travers les aventures qui opposent ceux qui sont encore attachés aux traditions ancestrales à ceux qui voudraient profiter du changement apporter par les « dimdims » (tous ceux qui viennent de l’extérieur et tout ce qu’ils apportent avec eux, les idées et croyances comme les marchandises) pour s’approprier le pouvoir en s’appuyant sur celui qui maitrise le langage apporté par les colons et missionnaires. Seuls les quelques jeunes qui ont étudié chez les missionnaires le comprennent, les autres le croient et le respectent pour le savoir qu’il est sensé avoir. Il remet en cause la lignée au pouvoir en dénonçant son inaction face au progrès.

« Nous avons connu beaucoup de changements dans le courant de notre vie, au XX° siècle. Nous sommes passés de l’âge de la pierre à la civilisation plus rapidement que n’importe qu’elle nation au monde. Nous avons connu plusieurs régimes, nous avons connu le christianisme, nous avons connu le colonialisme, nous avons obtenu notre indépendance, nous sommes devenus autonomes. Mais que signifient toutes ces choses pour nous ? ».

Maiba est la dernière héritière du chef trop tôt disparu, étant orpheline de père et de mère elle est élevée par le frère de son père, un homme solitaire et sans ambition aucune, et la femme de celui-ci qui ne l’aime pas du tout. Elle, elle voudrait que ce soit son fils qui accède aux fonctions de chef de clan. Maiba a fait des études chez les missionnaires mais elle connait aussi très bien tous les pouvoirs qui résident dans la nature, ceux des plantes et ceux des animaux. Elle n’a aucun soin de son corps, elle aime vivre nue au grand dam de sa belle-mère mais elle, elle ne veut pas attirer l’attention des hommes, elle ne veut pas être désirée, elle veut vivre libre en harmonie avec la nature. Avec e qu’elle a appris à l’école et au contact de son père et de son oncle, elle réalise un syncrétisme qui pourrait apporter de solutions aux problèmes que les villageois rencontrent.

Les usurpateurs cherchent à imposer la force et à user de la manipulation, les guerriers du villages sont prêts à les combattre mais les sages interviennent… et l’auteur propose lui aussi sa version du monde, une version plutôt pacifiste, une société où l’entente et la sagesse permettraient à tous de vivre en harmonie. Une histoire en forme de leçon de morale dont nous pourrions nous inspirer pour régler tous les problèmes que nous rencontrons dans notre monde dit civilisé. Notre avenir est peut-être autant dans notre passé que dans nos efforts pour dominer notre futur.

« Ce n’est pas une bonne histoire, je le sais, mais beaucoup d’anciens la racontent parce que c’est une excellente leçon de vie, qui nous parle du problème de l’humanité contre le développement, le progrès et même l’histoire ».