Putain de Pays noir
de Carine-Laure Desguin

critiqué par Débézed, le 8 juillet 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Il pleuvait des droles d'oiseaux
Carine-Laure Desguin, la Carolorégienne aux multiples talents littéraires a encore testé une nouvelle forme d’expression en publiant une nouvelle noire, noire, bien noire, au moins aussi noire que le pays qu’elle évoque, quand il produisait du charbon en abondance et noircissait aussi bien le paysage, que les villes et les cités et même les habitants qui profitaient de sa poussière. Cette fois, elle propose une histoire qui raconte un grand moment de désespoir comme elle en a déjà décrit ailleurs mais celui-ci se déroule dans un contexte particulièrement glauque. Ce désespoir accable une jeunesse fataliste qui n’a rien à faire valoir pour échapper à son irrésistible désescalade.

Carine-Laure, le désespoir elle connait, elle a déjà écrit sur le sujet, où elle innove réellement c’est dans le vocabulaire, l’écriture, le ton, elle sait faire parler ses héros comme des zonards, des paumés, des camés qui ne peuvent même plus aligner quelques phrases, voire quelques mots sensés, pour exprimer leur situation, leurs états d’âmes, leur désespoir. Elle taille un texte à la serpe de la zone, un texte imprégné du pinard de la pire qualité et assaisonné avec toutes sortes de drogues, de l’herbe la moins offensive aux produits de synthèses les plus dévastateurs.

Ces héros, ils pourraient nous rebuter mais en fait ils nous émeuvent tant ils sont impuissants devant la situation qu’ils ont créée à grandes rasades psychotropes que ceux qui tirent profit de leur vente leur distribuent abondamment. C’est au moment où la violence la plus brutale sourd de l’innocence de ces pauvres hères que le texte livre toute son émotion, prend aux tripes, révolte…

Encore une livraison hebdomadaire de Lamiroy qui fait mouche avec une nouvelle qui pourrait aisément remplacer le paquet de clopes habituel !