L'évasion d'Arthur ou la commune d'Hochelaga
de Simon Leduc

critiqué par Libris québécis, le 7 juillet 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Pour une société de gauche
Simon Leduc attache son roman à l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve de Montréal, un secteur habité par la faune humaine la plus bigarrée de la ville. C’est tout dire quand le matin, des âmes protectrices partent à la cueillette des seringues souillées. Sans métaphore, c’est un bordel à ciel ouvert. Le petit monde de l’auteur en a marre de vivre dans une société transgressée par la politique et les médias voués à la propagation des valeurs de ceux qui vivent au sommet de la tour de Babel.

Comme au temps des communes des années 1970 au Québec, certains regroupés dans l’école désaffectée de Saint-Clément s’organisent pour échapper au show de boucane (fumée) offert par les soi-disant bien-pensants. À partir d’Arthur, le protagoniste de dix ans qui fuit les bums (voyous) qui lui cassent la yeule (gueule), on assiste à l’éclosion d’une cellule anarchiste qui veut révolutionner le monde. L’utopie en appui aux rêves d’un monde meilleur attire tous les poqués de l’existence (âmes meurtries), ces délaissés qui se laissent aller à des dérives pour survivre.

En fait, le roman décrit un univers underground qui crie son mal de vivre comme on l’a vu chez les punks. Comme projet littéraire, c’est politique. On enjoint les marginaux de se liguer contre l’hégémonie du pouvoir et de la culture patentés. Et comme Staline, on dénonce aussi « les maladies infantiles » des défenseurs militants de la gauche qui prennent les vessies pour des lanternes. Leurs ébauches sociales sont clamées dans des discours enflammés que les pompiers de l’État savent éteindre. Le monde peut-il changer ? L’œuvre répond presque par la négative. On est tous appelés à en baver une shot (beaucoup)

C’est complexe comme exercice littéraire, mais ça décrit bien ceux qui doivent grandir dans notre univers alambiqué. Simon Leduc impressionne par son originalité, mais réussira-t-il à toucher son lectorat ? C’est plutôt aride même si l’auteur a l’art de la formule frappante. Il reste qu’il a le mérite d’indiquer le tunnel où se trament les idées qui réconforteront les révolutionnaires dans l’âme s’ils ne sont pas rébarbatifs aux techniques d’écriture très personnalisée.