Très haut amour: Poèmes et autres textes
de Catherine Pozzi

critiqué par Septularisen, le 28 mai 2019
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Et d’avoir perdu ma vie sur les chemins à cueillir des petites fleurs d’érudition vaniteuse».
«Sonnet moral sur les rimes d'un poème de mon amant impossible»

J’aime les roses qui se meurent
Les caprices inachevés
Et le long regret qui demeure
Au bout des refus énervés.

J’aime aussi les promesses lentes
De paradis vertigineux
Qui (soulevant sa main ardente)
Raidissent le monsieur nerveux.

Mais ma belle âme renversée
Sur l’alme sagesse irisée
Que les dieux éternels m’ont fait [sic]

Goûte la chasteté Fervente
Cher flirt, Bagdad, valse Indolente
Et rit de vos sexes défaits.

Ce recueil rassemble pour la première fois l'ensemble des textes poétiques de Mme. Catherine POZZI (1882 – 1934), que ceux-ci aient forme de poèmes (en vers ou en prose, de jeunesse ou pas…), mais aussi des «fragments poétiques» de son journal intime et de ses lettres. Rappelons la particularité de cette écrivaine qui ne se considérait que l’auteur de six poèmes (Ave ; Vale ; Scopolamine ; Nova ; Maya et Nyx), et qui n’accepta la publication que d’un seul de son vivant (Ave).

Prétendant que l’inspiration lui vient de l’au-delà, et lui est dictée, elle composé le 28/29 septembre 1931 «Scopolamine». La scopolamine est un alcaloïde dérivé de la belladone, médicament calmant que Catherine POZZI prenait régulièrement puisque atteinte depuis son plus jeune âge de la tuberculose, qui finira d’ailleurs par l’emporter…

«Scopolamine»

Le vin qui coule dans ma veine
A noyé mon cœur et l'entraîne
Et je naviguerai le ciel
À bord d'un cœur sans capitaine
Où l'oubli fond comme du miel.

Mon cœur est un astre apparu
Qui nage au divin nonpareil.
Dérive, étrange devenu!
Ô voyage vers le Soleil —
Un son nouvel et continu
Est la trame de ton sommeil.

Mon cœur a quitté mon histoire
Adieu Forme je ne sens plus
Je suis sauvé je suis perdu
Je me cherche dans l’inconnu
Un nom libre de la mémoire.

D’un style lyrique aujourd’hui un peu vieilli, un peu désuet, néoclassique, romantique à souhait (aujourd’hui on dirait plutôt «kitsch»), sentimental (aujourd’hui on dirait plutôt «à l’eau de rose») et un peu mièvre, mais avec une foi individuelle et peu orthodoxe, et d’une sensibilité visionnaire hors du commun, plusieurs de ses poèmes sont d’ailleurs considérés comme prémonitoires.

«Je Dormais»

JE n’avais encore rien «senti»
JE dormais comme un coquillage
JEtais un coquillage
Les Signes pleuvaient autour de moi
Aucun n’entrait en moi
J’étais trop dur
Mais le sentiment de la vie commandait
Il fallait absolument ouvrir une porte
Et JE ne pouvais pas.

Je dois dire que je termine un peu déçu! Oh! Pas par la poésie de Catherine POZZI, que je conseille a tous les amateurs de poésie… Non, je suis surtout par ce volume des éditions Poésie / Gallimard, qui m’ont habitué à bien mieux et qui est ici plus un «fourre-tout», qu’un recueil de poésies.
En effet, p. ex. je ne comprends pas trop ce que viennent faire là les traductions des poèmes de l’auteur allemand Stefan GEORGE (1868-1933) par Catherine POZZI? Même chose d’ailleurs pour les traductions de «Poèmes Orphiques»? Alors quel ici est le but de l'éditeur? Nous présenter le «panorama» le plus complet de la poétesse? Ou volonté délibérée de l’éditeur de «gonfler» artificiellement le nombre de pages de ce recueil, et ainsi le vendre plus cher?

Je conseille donc aux éventuels lecteurs de ne lire que les poèmes, tout le reste étant superfétatoire!