Les dix voeux d'Alfréd
de Maude Mihami

critiqué par Fanou03, le 24 mai 2019
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Alfréd et Alfred
Il est des auteurs qui montrent une grande tendresse pour « les vieux » et pour le brassage intergénérationnel. On pense bien sûr à Barbara Constantine, qui nous a offert dans ce style quelques jolies histoires sans prétention, mais fraîches et pleines d’énergie, en un mot : qui font du bien. À l’évidence Maude Mihami pourrait sans problème faire partie de cette famille-là, tant Les dix vœux d’Alfréd évoque sans rougir l’auteure de Et puis Paulette. D’abord des vieux, une flopée de vieux, ensuite des fermes, des hameaux, et des villages, tout au fond de la campagne bretonne des années 1970. Enfin un petit garçon, Alfréd (avec l’accent), qui aime beaucoup son grand-père bourru mais au grand cœur, Alfred (sans l’accent). L’inverse est vrai aussi, et pas seulement parce que le petit-fils et son aïeul sont nés le même jour. Aussi quand dans l’esprit du jeune Alfrèd il naît l’idée de réaliser dix vœux avant son dixième anniversaire, il espère bien que Alfred-le-vieux va lui donner un sérieux coup de main…

Le mécanisme narratif est d’une grande simplicité, mais cela ne m’a pas empêché de prendre un grand plaisir à lire Les dix vœux d’Alfréd. Il y a suffisamment d’humour et de sensibilité pour que l’on s’attache aux différents personnages. La prose de Maude Mihami, sans afféterie aucune, possède de plus, me semble-t-il, un peu plus de personnalité que la moyenne des productions du genre, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Expressions familières et dialogues à l’emporte-pièce donnent une certaine gouaille à l’ensemble et participent au tonus de l’écriture.

Les vœux d’Alfréd s’avèrent le plus souvent fort modestes (en tout cas du point de vue des adultes) et tournés vers ceux qu’il aime. Mais chacun de ces vœux se révèle être, à hauteur d’enfant, une sorte d’aventure et d’émerveillement, non dénué parfois de drôlerie. Le parti pris de Maude Mihami fonctionne en tout cas parfaitement bien et explique aussi une grande part du charme de son roman.