On va revoir les étoiles
de Emmanuel Serot

critiqué par CHALOT, le 23 mai 2019
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Emouvant et beau
On va revoir les étoiles »
roman d'Emmanuel Sérot
Editions Philippe Rey
189 pages
février 2019

Douceur, poésie dans un livre sur la fin de vie


Ils ont beaucoup donné, ont élevé leurs enfants et ont eu une vie bien remplie mais un jour, lui et elle ne peuvent plus rester dans cette vieille maison où ils coulaient des heures paisibles.
Les enfants et notamment le narrateur sont contraints de placer leurs deux parents aimés....
La vieillesse du couple et la maladie de l'épouse font qu'ils n'ont plus leur autonomie.
C'est une rupture brutale pour le fils qui raconte, une rupture fondamentale pour le couple qui s'en va vers l'inconnu mais s'en aperçoivent-ils ?
Le fils les conduit vers cette maison de retraite, sans rien brusquer, tout doucement.
La candeur de sa mère lui rappelle ses propres enfants « Non, les vieux ne retombent pas en enfance, je crois qu'ils remontent en enfance. »
C'est une vision optimiste, positive de la vieillesse.
Certains disent que la vieillesse est un naufrage... ce qui est certain et l'auteur le montre bien, son père semble être monté dans un bateau sur un grand fleuve qui le conduira vers l'issue fatale.
L'auteur reste toujours réaliste et nous fait partager ses peurs et ses angoisses :
« Avec les vieux, la folie marque des points et grignote chaque jour des parts de marché sur les vivants » et de poursuivre : « Et si elle gagne suffisamment de terrain, que va devenir mon père ? »
Non, la maison de retraite, si elle est bien choisie n'est pas un mouroir et les jours peuvent s'écouler heureux même si au bout il y a l'inexorable.
Les soignants sont là, prévenants.... Comme les enseignants de la maternelle avec les tout petits, il y le petit geste qui calme, les petites intentions dans le respect de ces adultes qui sont, de fait, en fin de vie.
La logique économique va à l'encontre des objectifs qui sont affichés.
Il est intolérable que la toilette soit, à certains moments, faute de personnels, limitée à 7 malheureuses et petites minutes.
Il y aurait tant à faire.
Comme beaucoup d'autres le narrateur n'a pas vu le déclin progressif de ces deux êtres chéris....
Ils étaient si forts hier et si démunis aujourd'hui.
Son père est encore , debout sur sa barque, « il est descendu trop loin sur ce fleuve, il ne remontera plus jusqu'à moi » .
Oui mais ils sont là, encore, profitons de chaque instant.
Ce livre m'a touché, vous touchera : il ressemble à une poésie, à une musique.... c'est la vie telle que nous la connaissons ou que nous la connaîtrons, celle qui continue avec nos parents et qui se poursuit après, malgré tout.

Jean-François Chalot