Histoire du rire à travers le monde
de Jean Nohain

critiqué par Shelton, le 15 mai 2019
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Faut-il rire encore un peu ?
Je me souviens avoir lu dans ma jeunesse un texte qui disait en substance que l’homme était un animal qui riait et pleurait… De qui était la phrase ? Pascal ? William Hazlitt ? Un autre philosophe ? Peu importe… Ce qui était certain, c’est que cela plaçait le rire, entre autres, au premier plan de l’humanité…

Pourtant, quand on regarde bien, le rire n’est pas tant mis en valeur que cela de nos jours… Il n’est pas pris au sérieux, bien sûr… Pire, dans certains cas, il est suspecté et entaché de multiples bonnes intentions… D’ailleurs, il ne faut pas rire de tout ni rire avec tout le monde… La question qui me reste au cœur est simple : peut-on rire encore de nos jours ? Peut-on rire après Auschwitz, les Khmers rouges, le Rwanda, le Bataclan… et la liste n’est que très partielle et vous saurez bien la compléter de mille et une autres catastrophes humaines…

Alors, bien sûr, vous me direz que les humoristes cartonnent, qu’ils osent tout dire, qu’ils font rire… Vous n’avez pas tort mais, car il y a bien un mais, il se pourrait qu’ils ne fassent rire que dans les salles obscures et que le rire, lui, ait bien disparu de notre société… Mais de quel rire s’agit-il ?

Un dessinateur, ami de Jean Nohain, Claude Dauphin, avait dessiné une sorte de thermomètre du rire… L’échelle partait du plus froid, le rire glacial, pour allait vers le plus chaud, mort de rire. On passait ainsi par le sourire poli, le sourire, le rire étouffé, le rire, l’éclat de rire et le fou rire… On aurait pu glisser le rire de circonstance, le rire de politesse…

Aujourd’hui, bien souvent, dans les milieux professionnels, rire est synonyme de légèreté, de désintéressement, de faute de goût, de mauvaise éducation… Je vous entends vous récrier mais réfléchissez un peu… Ce n’est peut-être pas si exagéré que cela car on ne rit pas souvent dans une réunion de travail, dans un conseil d’administration, dans un meeting…

Pourtant, on nous répète souvent qu’il faut rire au moins une fois par jour… Alors, certains rient en secret chez eux en lisant un album de Fabcaro ou en regardant un sketch d’Alex Vizorek… C’est d’ailleurs surprenant de voir que ces deux noms sont connus de beaucoup mais que peu osent dire que ça les fait rire, voire qu’ils atteignent ainsi le stade de « fou rire » sur l’échelle de Claude Dauphin…

Je me suis replongé dans l’ouvrage de Jean Nohain, Histoire du rire à travers le monde, un ouvrage de 1966. Jean Nohain était bien placé pour nous accompagner dans ce voyage de la mondialisation avant l’heure, mais une mondialisation du rire… Il faut dire que le fameux Alphonse Allais était le témoin de mariage de son père et Alfred Jarry son parrain…

Alphonse Allais envoie à son ami un télégramme le matin du mariage : « Ne partage pas votre bonheur Stop – Veux pas vous en prendre une miette Stop – Vous le laisse pleinement à tous deux… »

A cette époque, on riait peut-être plus, de tout et sans se poser trop de questions… Allez savoir !

Je ne vais pas vous raconter par le détail toutes les blagues et bons mots que l’on trouve dans cet ouvrage mais je précise quand même que certains chefs d’Etat, certains auteurs ou artistes furent plus drôles que d’autres… Retenons que le bon Henri IV était certainement un de ceux avec qui ont ne s’ennuyait pas… Drôle, vif, cru, direct et réactif, il avait tout d’un convive agréable pour passer un bon moment…

L’ouvrage de Jean Nohain, Histoire du rire à travers le monde est certainement un peu moins conceptuel que Le rire de Bergson, mais il est beaucoup plus drôle… A vous de choisir !