La délicatesse (adaptation BD)
de Cyril Bonin

critiqué par Blue Boy, le 12 mai 2019
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Voulez-vous manger des Krisprolls avec moi ce soir ?
Nathalie et François étaient jeunes, beaux et amoureux. Pour ce couple à qui la vie semblait sourire de mille promesses, aucun nuage n’était visible dans le ciel limpide de leur idylle. Jusqu’à ce dimanche où François trouva la mort en traversant la rue, percuté de plein fouet par cette camionnette de fleuriste qu’il n’avait pas vu venir…

Publiée il y a déjà un peu plus de deux ans, cette adaptation du roman de David Foenkinos est une belle réussite. Il faut dire que nombre d’éléments étaient réunis. Des personnages touchants, denses et atypiques, des situations inattendues et parfois cocasses… Le joli trait de Cyril Bonin – pour le coup très délicat – vient encore ajouter au charme de l’histoire. Certes, d’aucuns argueront qu’il ne s’agit que d’une gentillette bluette à l’eau de rose et que le fond est un peu léger. Mais « La Délicatesse » s’inscrit aussi dans un style littéraire qui n’a pas prétention à faire dans l’esbroufe ou ne cherche pas à évoquer des sujets de société brûlants. On est ici dans la comédie romantique et pourtant, on doit bien le reconnaître, il est difficile de résister au charme de celle-ci. Jusqu’à la fin, le lecteur reste captivé par la relation très particulière qui se noue entre Nathalie, la jolie « executive woman » admirée et respectée dans son milieu professionnel, et Markus, l’employé subalterne, gauche et insignifiant.

Ce qui fait aussi partie des points forts de cette BD, c’est aussi la qualité de l’écriture même quand on sait qu’à la base c’est un roman, mais cela n’est pas si courant dans le neuvième art pour ne pas le souligner. De même, on jubile avec ce récit qui joue sur les différences culturelles entre la France et la Suède, source de malentendus amusants (Nathalie la française travaille dans une boîte suédoise implantée à Paris où elle rencontre Markus, créature lunaire qui a quitté volontairement sa Suède natale). Mais l’intérêt réside surtout dans l’évolution des personnages au fil de l’histoire, notamment Markus dont on va assister à la transformation physique dès lors que l’amour qu’il porte à Nathalie deviendra réciproque… L’Amour majuscule, pas le factice, celui qui donne des ailes et transforme les grenouilles en princes, encore plus beau, encore plus émouvant, lorsqu’il est comme ici décrit avec subtilité.