Des idées dans la garde-robe
de Juliette Ihler (Scénario), Cécile Dormeau (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 12 mai 2019
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Mocassins à glands ou jeans à trous ?
Non, la mode n’a pas toujours été à la mode ! Juliette Ihler et Cécile Dormeau, spécialistes de la question, interrogent les raisons de nos coquetteries d’hier et d’aujourd’hui et nous révèlent que derrière chacune de nos tenues, même la plus anodine, il y a toujours un message.

C’était une bonne idée d’aborder le thème de la mode dans un cadre autre que celui de la presse fashion, car il est vrai que ce sujet est rarement abordé d’un point de vue sociologique. Souvent considéré comme trop frivole, trop féminin, trop anecdotique…. Et pourtant, les auteurs prouvent que cela peut être passionnant pour peu qu’on se donne la peine de s’interroger.

La mode, nous apprend Juliette Ihler, n’a pris son essor qu’au milieu du XIVe siècle. De nos jours, la plupart d’entre nous y est sensible d’une façon ou d’une autre, à l’excès ou avec modération… Car la mode, ce ne sont pas seulement les défilés haute couture ou un simple signe extérieur de richesse. La mode, c’est aussi « être à la mode », et ce pour un coût minimal, par un piercing, un tatouage ou quelques déchirures dans un jean… Ihler nous propose ainsi cette « grosse philosophie de la mode » en évitant de se prendre au sérieux, aidée en cela par les « crobards » de Cécile Dormeau. Dans cet essai fort ludique et sans prétention, qui réussit à nous intéresser à un sujet finalement très peu débattu, on trouve matière à réflexion avec diverses thématiques, telles que les paradoxes de la mini-jupe (symbole de libération ou de soumission ?), le potentiel comique du vêtement, le pouvoir singulier des bijoux que l’on porte ou la symbolique du piercing… De même, on prend conscience que si l’habit ne fait pas le moine, il peut très bien être utilisé à des fins de manipulation…

Il faut bien le dire, cette production, toute aguichante soit-elle, donne tout de même une vague impression de vaste foutoir. Cécile Dormeau fait certes preuve d’un humour très actuel dans les phylactères entourant ses dessins, mais ce n’est pas toujours très drôle, et bien souvent la multiplication des bulles et commentaires divers aurait même tendance à parasiter le propos. Le trait rond et simpliste relève du passe-partout déjà vu mille fois, typique de ce qui se fait chez les blogueurs-dessinateurs, et qui, pour dire les choses clairement, commence sérieusement à lasser. Ce n’est pas que ce soit mauvais, et on n’est évidemment pas dans l’amateurisme, mais ce n’est pas ce qu’on peut appeler du « dessin de BD » ni même de la caricature, et cela ne pourra guère avoir d’autre usage que celui ici présent, à savoir étayer de façon récréative une théorie quelconque. N’est pas Marion Montaigne qui veut… Dommage pour une production qui recelait pourtant un certain potentiel.