Sale temps pour les allemands : Itinéraire de Werner Schneider, prisonnier de guerre allemand en France (1945-1947)
de Christine Schneider

critiqué par CHALOT, le 2 mai 2019
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
à lire ABSOLUMENT
« Sale temps pour les Allemands »
itinéraire de Werner Schneider, prisonnier de guerre allemand en France (1945-1947)
livre écrit par Christine Schneidet
éditions Lucien Souny
207 pages, novembre 2018

une page d'histoire à connaître

Certaines pages de notre histoire portant sur la fin de la deuxième guerre mondiale sont connues, elles reflètent la vérité, malheureusement.... On connaissait les liquidations sommaires, l'histoire peu reluisante pour les exécutants qui ont tondu des femmes pas toujours coupables d'intelligence avec l'ennemi, celle présentée par ce livre est ignorée du grand public et même au-delà.
Christine Schneider a interrogé son père et a recoupé ses témoignages avec des documents retrouvés.
Le résultat est un livre accablant pour l'armée française et surtout pour l'Etat.
L'auteure nous raconte la vie en captivité de son père qui, comme des centaines de milliers de soldats allemands a travaillé sur le sol français pendant des mois et des mois.
Werner Schneider est resté pendant deux ans, prisonnier, esclave « moderne » des autorités.
Affamé comme beaucoup d'autres de ses camarades, maltraité, il dût déminer à ses risques et périls des hectares de terrains.
Ce travail forcé, dangereux, était comme il l'a rappelé en vain aux autorités, complètement contraire aux traités internationaux et notamment à la Convention de Genève du 27 juillet 1929.
Ces PGA ( prisonniers de guerre allemands) étaient maltraités et accomplissaient des travaux mortels comme ce déminage qui coûta la vie à de nombreux hommes.
Le danger le jour et des conditions de vie inhumaines à chaque moment:
« La faim qui les habitait était le moteur de toute activité non imposée. Elle occupait toutes les pensées, les rêves diurnes et nocturnes, elle devenait un leitmotiv auquel nul ne pouvait échapper ? Plus encore que le souci quotidien de ne pas exploser sur une mine. »
Werner n'était pas un nazi mais un soldat prisonnier de guerre.
Cette persécution d'allemands parce qu'ils étaient allemands fut un acte indigne qui doit être connu de tous.
L'auteure fait œuvre utile ici en levant le voile sur cette page sombre de notre histoire collective.
Son livre, excellemment bien écrit, s'appuie sur de nombreuses références biographiques et historiques...

Jean-François Chalot