Tous les hommes sont rois
de Jeanne Rivoire

critiqué par Jeanne94, le 2 mai 2019
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Quatrième de couverture
Elisabeth Mangano, cadre dans une grande entreprise semi-publique, est plutôt en bonne santé. Physique et morale. Elle possède suffisamment d'énergie, de qualifications, d'entregent, d'insouciance même (il en faut) pour produire ce qu'elle considère comme du bon boulot. C'est pourquoi les discours creux de sa nouvelle chef ne sauraient l'accabler. Ils sont une perte de temps, certes, mais enfin l'on s'en accommode. Les discours creux, de toute façon, font partie du jeu social et, par là même, de la scène professionnelle.
Toutefois, la nouvelle chef ne se contente pas d'ainsi remuer en vain les mots dans sa bouche. Elle s'occupe, en plus de cela, de pointer des difficultés là où il n'y en a pas, de passer sous silence des problèmes bien réels, de déstabiliser des individus qu'elle a dans le nez, d'œuvrer pour sa carrière au moins autant mais surtout un petit peu plus que pour l'intérêt commun.
C'est plus qu'Élisabeth n'en peut supporter. Mais dans la vie professionnelle comme dans la vie en général, il n'est pas toujours très recommandé, pour sa propre tranquillité, de dire tout haut les turpitudes du maître. Entre parler et se taire, Élisabeth devra jouer serré. Comme aussi s'interroger, au fond d'elle-même, avec d'autres également, s'interroger, profondément, terriblement, jusqu'au vertige, sur la question de savoir s'il est tellement nécessaire de s'inféoder, dans la vie professionnelle comme dans la vie en général, à des maîtres.
Décoiffant 10 étoiles

Un livre sur les absurdités managériales, leurs conséquences sur la santé des salariés, le tout saupoudré d'une bonne dose d'humour et de candeur feinte. Pierrot au pays des "petits" managers, c'est un régal. Bien que le sujet puisse paraître lourd (et il l'est), Jeanne Rivoire nous fait sourire beaucoup, rire souvent, et sait nous émouvoir sans nous plomber. Elle met le doigt sur ces dérives quotidiennes si préjudiciables aux gens de bonne volonté, qu'ils travaillent dans le service public ou dans le secteur privé. Nourri de nombreux témoignages, le propos est finalement assez universel. Et glaçant. Pourtant, vous ne sortirez pas abattu de cette lecture, bien au contraire. Il y a dans l'approche de l'auteure un je ne sais quoi optimiste qui permet de fermer le livre le cœur gros de dizaines d'émotions, d'envie de réussir et de trouver son chemin. Pas culpabilisant, même pas pour les managers, car Jeanne Rivoire vous fait sentir qu'on peut tous s'amender et grandir..

Constanced - - 46 ans - 3 juin 2019