La huitième vie (pour Brilka)
de Nino Haratischwili

critiqué par Pacmann, le 12 janvier 2021
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Chocolat maudit cherche antidote
Si vous aimez les sagas familiales, la petite histoire du 20ème siècle qui se mêle à la Grande,
si les briques de plus de 900 pages ne vous rebutent pas d’avance, dans ce cas un tel roman vous plaira certainement.

La romancière resitue les épisodes et les moments de son roman au regard d’évènements internationaux ayant marqué le siècle dernier, et pas seulement en lien avec l’Union soviétique ou la Géorgie.

Quand je parle d’histoire, elle est assez vulgarisée et curieusement, si tous les dirigeants soviétiques sont explicitement nommés, les criminels que furent Staline et Beria, sont quant à eux seulement évoqués par des surnoms que l’autrice leur attribue. Si vous êtes férus d’histoire, cela reste donc assez sommaire et réchauffé, seuls les épisodes liés à la Géorgie pourraient alors vous accrocher à un intérêt plus soutenu.

La fin du livre se détache de son aspect historique, la narratrice devient ainsi elle-même un personnage qui fait la synthèse de l’histoire de sa famille. On peut lire page 942 : « La vie était-elle vraiment comme un tapis dont il faut apprendre à lire les motifs »

Le récit reste cohérent, les personnages, certes nombreux, sont clairement identifiés sans qu’on puisse les confondre et un arbre généalogique vous aidera à la visualisation de qui est qui !

La narratrice est donc Niza, arrière-arrière-petite-fille d’un fabricant de chocolat géorgien qui raconte à sa nièce, Brilka, l’histoire de la famille. L’autrice étant elle-même géorgienne, ce roman est donc aussi sa façon de partager l'histoire agitée de ce pays et par la même occasion des personnages de ce fleuve de pages.

Plusieurs thèmes sont également abordés à travers cette histoire, comme le communisme à la sauce soviétique qui est évidemment assez décrié, la condition de la femme, la maternité et les liens familiaux.

Il vous faudra sans doute au moins deux semaines pour le dévorer, mais vous ne serez a priori pas déçu et il y a peu de chance que vous laissiez tomber un tel ouvrage qui vaut essentiellement pour la trame, le style étant secondaire, bien que soigné.