Du feu dans les brindilles
de Aurélien Dony

critiqué par Débézed, le 31 mars 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
"Le coeur comme musique"
Dans sa préface l’auteur rappelle tout ce qu’il ne faut pas oublier, notamment que « l’écriture est morte si rien ne chante en elle, que le poète est aussi est menacé de mort, que ses vers ont à craindre de l’immobile attente… ». Alors, il écrit pour que vive encore les mots, pour que vivent encore la poésie. Il écrit son monde :

« Tairons-nous les hommes,
Les femmes et les maisons ? »

Il s’adresse aussi au poème qu’il a commis comme on invoque une puissance supérieure, tutélaire, impérieuse qui le guiderait dans le combat qu’il mène.

« Poème,
J’exerce à ton prénom
Mon combat condamné
Et prie chaque instant
Ton retour à la lutte. »

On croirait que ce jeune poète cherche sa place dans le monde où les repères se sont dissolus, évaporés, laissant la jeunesse dans l’incertitude, le doute, l’errance, où les mots même doutent de leur sens, où la poésie n’est plus la lumière qui guide les âmes perdues. Et cependant, il croit encore en la magie des vers qu’ils soient dits ou chantés.

« Nous avons rencontré
La vie au bord du gouffre
Nous l’avons empêchée
de sauter dans le vide
Avec une guitare et des chansons anciennes. »

Dans une dernière partie ou la prose le dispute à la versification, le poète dit sa grande confusion devant le déferlement de la violence qui pollue de nombreuses métropoles sur l’ensemble de la planète. Le monde serait-il devenu fou ? Certains oppressent, d’autres ne répondent que par une violence aveugle. La colère n’est peut-être pas la solution.

« Poètes, ô mes amis,
Vous qui sans cesse donnez au poème une voix dans la nuit et faut-il
Qu’elle soit
Criarde comme la mienne
Pour être nécessaire ? »

Le poète est jeune, il nous laisse avec toutes ses questions, gageons que dans les vers qu’il inventera, il trouvera un chemin, son chemin. C’est un amoureux des mots, il les aime tellement que, souvent, il les répète, comme on suce un bonbon longuement, pour mieux les goûter mais aussi pour mieux nous les faire entendre afin que nous n’oubliions jamais que « la poésie c’est la vie même, la vie en intensité, ramenée à son rythme essentiel, celui du souffle de la scansion, cela seul justifie qu’on inventât le ver …. ». C’est une citation de Jean-Pierre Siméon qu’il a placé en exergue à ce recueil.

Poète a cherché son chemin dans le dédale d’une société décomposée qu’il faudra reconstruire en usant de mots nouveaux pour écrire une nouvelle civilisation débarrassée de la violence gratuite.